Ramener l’épisode « final » de Robespierre, de l’exécution de Danton à la sienne, en une heure trente, oblige fatalement à des raccourcis historiques, ce dont Philip Yordan ne s’est pas privé. Si l’essentiel, bien que très simplifié, reste fidèle à l’histoire, présenter Barras et Tallien comme des gentils est difficile à avaler. Bénéficiant des décors laissés du « Jeanne d’Arc » de Victor Fleming réalisé l’année précédente, « Reign Of Terror / The Black Book » se présente comme un western de la terreur, avec ses courses poursuites et des gunfights d’époque. Avec sa sécheresse habituelle qui va à l’essentiel et un montage du même style, Anthony Mann réalise un film riche et rythmé, avec suspens et classe, qui reste constamment concentré sur l’histoire. De plus, le trio central, Robert Cummings (Charles D'Aubigny), Richard Basehart (Maximilien Robespierre qui déteste qu’on l’appelle Max) et Arlene Dahl (la jolie Madelon) sont excellents. Par contre Jess Barker offre un St Just transparent et Arnold Moss sur-joue l’opportuniste Fouché dans un rôle qui le rend bruyant et encombrant, alors qu’historiquement c’était un homme discret qui agissait dans l’ombre. Enfin, la sombre photographie du grand John Alton, avec des contrastes magnifiques et des mouvements de caméra parfois sidérants (surtout pour l’époque) ne peut qu’impressionner. Malgré quelques réserves quant au traitement de l’histoire, le cinéaste livre une copie dont la qualité cinématographique est largement au dessus de la moyenne. Le clin d’œil final est amusant et répond à l’hommage rendu à Lafayette tout au début.