Boîte crânienne à louer
Trelkovsky humble employé de bureau Parisien se met à la recherche d'un appartement dans un immeuble tranquille où il pourrait profiter de sa toute nouvelle naturalisation. Trelkovsky est un être...
le 12 mai 2015
88 j'aime
7
Troisième film de la trilogie des "appartements maudits" de Polanski qui, si je puis me permettre, boucle la boucle en beauté, car on assiste ici à une véritable descente dans l'enfer de la schizophrénie...Et c'est probablement la meilleure expression qu'il m'ait été donné de voir sur ce sujet.
La schizophrénie paranoïde de Trelkovsky, est d'abord impulsée par la haine de l'étranger, on écorche son nom, on lui fait comprendre qu'il n'a à se plaindre de rien en ce pays, puis c'est (comme dans Rosemary's baby) le voisinage qui va vite devenir un calvaire, l'enfer de la cohabitation avec les autres: collègues qui se moquent de lui, voisins qui ne supportent pas le moindre bruit, commerçants qui veulent le forcer à acheter une boisson ou des cigarettes qui ne sont pas les siennes, tout ce beau monde ne lui laisse aucun répit. Polanski/acteur a d'ailleurs largement exagéré son accent polonais en anglais comme en français, les deux versions étant valables puisque le film a été post-synchronisé.
Ensuite cette schizophrénie se nourrit de l'ambiance du lieu: de son coté séculaire apportée par petites touches d'égyptologie, dont la présence ne sera jamais élucidée, du suicide de l'ancienne locataire, d'une vieille dent arrachée trouvée dans un trou dans le mur et surtout des habitants de l'immeuble qui semblent se gangrener depuis longtemps par son influence néfaste et faire corps avec lui.
L'humour noir dont fait preuve le réalisateur est d'un caustique à faire sourire grâce à une galerie de personnages secondaires absolument truculents (la troupe du Splendid presque au complet et une toute jeune Adjani), mais ça ne fait rire qu'au départ, car très vite, on assiste, impuissant, aux montées d'angoisses de plus en plus violentes du héros.
Au niveau technique, Polanski abuse de plans en plongée et contre-plongée pour caricaturer ses personnages et c'est diablement efficace d'autant qu'au casting il a choisi de sacrées gueules. Les décors reflètent un environnement sordide (Paris n'est plus la ville lumière, mais la ville poussière) et franchouillard et les intérieurs de l'immeuble sont somptueux sauf bien sur l'appartement de Trelkovsky qui lui tombe en décrépitude.
"Le locataire" est le chef d'oeuvre de son auteur, un film finalement trop méconnu dans sa filmographie, j'ai essayé d'en dire finalement assez peu car j'atténuerais la claque qu'on prend lors du dénouement malsain et grotesque.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 24 juin 2020
Critique lue 258 fois
2 j'aime
D'autres avis sur Le Locataire
Trelkovsky humble employé de bureau Parisien se met à la recherche d'un appartement dans un immeuble tranquille où il pourrait profiter de sa toute nouvelle naturalisation. Trelkovsky est un être...
le 12 mai 2015
88 j'aime
7
Dans la veine de Répulsion et de Rosemary's baby parce que le rapport maladif à l'Autre épouse les traits du délire paranoïaque et paranoïde.Mais attention j'ai toujours refusé d'imputer tous les...
Par
le 16 août 2011
44 j'aime
4
Le frêle Trelkovsky recherche un appartement et n'est pas très difficile : son choix va se porter sur un appartement assez laid, démuni de toilettes (plus loin dans le couloir, étudiant-style) et...
Par
le 25 juil. 2010
32 j'aime
Du même critique
Ce métrage suinte la folie, il commence comme un banal drame domestique: un mari trompé, des scènes de ménages hystériques; puis arrive la rupture, Adjani est amoureuse d'une chose larvaire,...
Par
le 23 juin 2020
3 j'aime
Troisième film de la trilogie des "appartements maudits" de Polanski qui, si je puis me permettre, boucle la boucle en beauté, car on assiste ici à une véritable descente dans l'enfer de la...
Par
le 24 juin 2020
2 j'aime
On retrouve la recette secrète d'Alex de La Iglesia pour faire une bonne comédie d'humour noir: des personnages truculents, un casting de "gueules" improbables, un anti-héros totalement veule, des...
Par
le 23 juin 2020
1 j'aime