cette critique est commune aux films Yves Saint-Laurent, Suzanne et Le loup de Wall Street)
Preuve d’une fainéantise indéniable ou pure idée de génie, vous en conviendrez par vous même après lecture. En tout cas, je me suis fait un constat lors de cette journée cinéma si spéciale. Je suis allé voir trois films, à savoir Yves Saint-Laurent, Suzanne et Le loup de Wall Street, pour porter une réflexion finale. Et si ces trois œuvres n’étaient qu’en fait qu’un seul et même film? Explications.
Yves Saint-Laurent retrace la vie du célèbre couturier, de la prise de conscience de son talent jusqu’à la postérité, en passant par sa relation avec Pierre Bergé, son apogée, et sa plongée dans l’alcool.
Suzanne décrit l’histoire du personnage fictif de Suzanne, une jeune femme élevée par son père veuf. Elle avait tout pour réussir, aussi jolie que brillante, mais sa rencontre avec un garçon aux valeurs peu recommandables la fait changer de bord. Après fugue, solitude, et maison d’arrêt, la jeune Suzanne ne vivra pas le parcours qui lui était promis.
Le Loup de Wall Street est adapté de l’autobiographie de Jordan Belfort, un homme d’affaires new-yorkais à l’ambition démesurée. Ayant commencé au plus bas de l’échelle de la finance, il se construit son propre empire, où s’entremêlent les prostituées, la drogue, l’alcool et surtout l’argent.
A travers ces trois résumés, une expression envahit l’esprit : ces trois personnages ont vécu une descente aux enfers étrangement semblable, à des niveaux d’intensité et des échelles sociales différentes. Chacun part de pas grand chose, avec son talent, son ambition ou sa douce volonté de vouloir vivre librement. Or, chacun, alors au paroxysme de leur histoire, vont faire une rencontre qui vont leur laver le cerveau. Amours et amitiés vont les faire disjoncter et déconnecter de la réalité. S’ensuit alors une échappée qui va les faire glisser progressivement dans la folie. Suzanne fuguera de chez elle, laissant ses proches dont son fils avec un tas d’interrogations. Yves Saint-Laurent s’échappera dans l’alcool, laissant sa créativité et sa folie jouer au chat et à la souris. Quant à Jordan Belfort, il se noie sous un flot ininterrompu d’argent sans remonter à la surface pour aspirer une bouffée de conscience. Puis vient le moment de tous les dangers. Jordan a les flics aux fesses, Suzanne également, alors que Yves craint de laisser filer son talent. Et arrivera la sentence pour chacun. Laché par le plus grand nombre, ils connaissent tour à tour l’addiction, la solitude, et la prison. La prison physique pour Suzanne qui vit les heures les plus difficiles de sa vie, elle qui a connu que la liberté et l’évasion. Le richissime financier est assigné à résidence après avoir balancé un nombre important de douteux collaborateurs à la police. Quant au couturier, il est prisonnier mentalement, prisonnier de son corps, prisonnier de Pierre Bergé surtout. Son conjoint sera à la fois son pire ennemi, le manipulateur qui tient les ficelles du pantin Saint-Laurent.
« L’oisiveté est la mère de tous les vices » rappelle l’adage, mais il se trompe. Il n’y a pas de mère de tous les vices, mais plusieurs parents. L’ambition, l’argent, l’amour, et la liste est longue….
Alors, vous me direz que ces trois films n’ont rien à voir, que ce sont trois productions avec des écarts de budgets énormes. Vous direz aussi que deux sont inspirés de faits réels et que Suzanne est de la pure fiction. Vous direz aussi que Katell Quillévéré n’est pas à la hauteur d’un Scorcese et que les mises en scènes de chaque long-métrage sont clairement distinctes. A tout cela, je répondrai : « Oui, vous avez raison. »
Mais après toutes ces explications, il est indéniable que la narration note de nombreuses ressemblances, tant dans les actions des personnages que dans le déroulement de l’histoire. Voici donc trois oeuvres aux profils diamétralement opposés mais qui lorgnent sans conteste vers une expression commune. Jalil Lespert, Katell Quillévéré et Martin Scorcese n’ont du avoir que ces mots en tête durant le tournage, trois mots qui résonnent et planent : « descente aux enfers ».