Festival mégalobscène

J'allais mettre une note de folie juste après la séance car j'en suis ressorti emballé. Ceci dit j'ai préféré attendre et voir l'évolution de la chose dans mon esprit, à juste titre parce qu'avec du recul le dernier Scorsese au fond c'est très long et très vain.

Alors un 5/10 pour le divertissement passable, réalisation, jeux d'acteurs, casting, musiques appropriées, les quelques fous-rires durant la séance, en espérant juste que ce ne soit pas trop exagéré pour un film de boule. Le plus "comique" reste de savoir que Scorsese a coupé au montage plusieurs scènes hot de son Loup de Wall Street — apparemment il y en avait un tas d'autres — juste pour permettre aux moins de 17 ans de le voir en salle aux States. Tandis que dans notre bonne vieille France ce sont des bambins de tout juste 12 ans qui pourront découvrir sur grand écran ce festival de débauche de sorte à les sensibiliser très tôt aux multiples dépravations existantes. Le tout est bien évidemment tourné au 99ème degrés pour relaxer et détendre l'atmosphère. Ainsi, le spectateur stupide pourra aisément oublier que l'escroquerie et surtout la prostitution et les drogues, entre autres, sont des sujets graves et sérieux. Et puis comment rendre comestible un biopic à priori super chiant et long? On y foutant des scènes de cul interminables et de défonce à intervalles réguliers pour maintenir le public en haleine, avec pléthore de dialogues gras et salaces un peu à la sauce Tarantino mais en moins classe, toujours dans le but de combler une vacuité certaine. Et en plus ça fonctionne, les gens sont guez'.

Mon problème avec ce film n'est pas du tout que Scorsese ait voulu à tout prix mettre l'accent sur le mode de vie de Jordan Belfort et de son crew de golden-boys. Mon problème c'est qu'il ne montre QUE cela, ce qui rend l'ensemble incroyablement lourd puis répétitif d'une part et que la chute du film, la morale de l'histoire, si tant est qu'il y en ait une, est loin d'être claire et explicite d'autre part. Jamais il n'est question des victimes de Belfort. Scorsese insiste sur la case débauche et non sur la partie dégringolade qui est juste anecdotique, du coup tout cela ressemble à une apologie du vice, un encouragement à l'escroquerie… Attendez. On me dit dans l'oreillette que c'est au contraire un film satirique dénonciateur… BEH ON DIRAIT PAS HEIN. Ce serait alors une satire ratée et dans ce cas c'est regrettable. Je n'ai pas lu le bouquin de Belfort qui d'après DiCaprio est précisément un conte moral et une mise en garde mais pour beaucoup en le lisant on avait déjà l'impression que le trader n'avait aucun regrets (voir son passage en 2009 sur le plateau du Grand Journal, la remarque lui avait été faîte), c'est donc identique pour cette adaptation du coup.

"Vous ne comprenez pas un mot de ce que je vous raconte n'est-ce pas? C'est pas grave, l'important c'est que vous vous amusiez à me regarder m'enfiler des biatch". Voici le message du narrateur. Mais ce film a beau être soigné, bien raconté et bien monté, il n'en reste pas moins stérile et racoleur à mort. Martin Scorsese prend le spectateur pour un con et l'enfoiré n'a pas tord car les gens aiment et aimeront ce film car c'est un bordel intersidéral. Jordan Belfort le vrai, apparait d'ailleurs fièrement dans la dernière scène comme pour montrer son approbation vis-à-vis de l'oeuvre, tu m'étonnes. Belfort est franchement un type à plaindre, ou peut-être est-ce Scorsese, pour avoir eu l'envie d'adapter une histoire qui à la base ne devrait pas du tout être traitée telle que Belfort la raconte dans son bouquin. Tout ceci est embarrassant.