Avant même qu'on croit le film commencé, une idée lumineuse amuse et imprime son style. Un lion arrive, rugit avec panache. Faux sponsor plutôt cocasse qui donne le ton très expansif qui alimente ces trois heures délicieuses. Une introduction digne de celle de Casino où règne une métaphore entre la jungle et Wall Street. Parallèle intéressant dans son propos et ses détails qui aurait mérité d'être plus poussé.
Le Loup de Wall Street est un Scorsese pur jus. Avec sa galerie de personnages et sa forme narrative on retrouve l'empreinte du grand réalisateur déjà laissée par Taxi Driver, Les Affranchis ou Casino. La comparaison avec ces deux derniers en particuliers est évidente. Nouveau portrait édulcoré d'un anti-héros, glorification d'une pourriture. Jordan Belfort incarnant l'évolution de la société et de ses mauvaises mœurs, les mémoires de ce courtier en bourse sont tombées entre de bonnes mains. Longue peinture d'une ascension aussi tragique qu'elle semble admirable.
Leonardo DiCaprio traverse ce fleuve (dans une jungle New-Yorkaise) avec autant de force que le faisait De Niro à Las Vegas. Après Aviator et Shutter Island, Martin Scorsese réussi encore à faire ressortir tout son immense talent.
Matthew McConaughey a beau être brillant dans l’impressionnante scène du déjeuner elle aurait était encore plus forte de symbole si De Niro incarnait le mentor de DiCaprio. Sorte de passation de pygmalions aussi musclée dans la fiction que dans sa symbolique. Autour de ce parcours gravitent des rencontres. Des seconds rôles qui donnent une réplique géniale à cet intriguant financier.
Après How I Met Your Mother c'est un plaisir de découvrir Cristin Milioti au cinéma, Jean Dujardin est très drôle dans ses petites apparitions et on regrette de ne pas voir un peu plus le grand Matthew McConaughey. Mais comme dans Casino l'associé et la femme du personnage vedette sont les charnières de cette intrigue extrêmement dense et intense. Jonah Hill méconnaissable et Margot Robbie une vraie révélation. Joe Pesci et Sharon Stone ont leur relève.
La comparaison avec tout les anciens Scorsese peut s'arrêter là. Jamais le réalisateur n'avait signé une œuvre aussi hilarante. La fougue et la débauche poussées au summum apportent tout du long une ambiance pleine d'euphorie. Malgré les trois heures, jamais le film ne parait trop long. Aucun temps mort, toujours entraînant. Au-delà de cette légèreté qui permet aussi de ne pas prendre à la lettre l'immoralité du propos, le scénario raconte avec une grande maîtrise cette histoire (en partie) vraie. Une construction habile qui met bien en évidence l'évolution tragique de Jordan Belfort et de sa personnalité. Notamment dés le début en mettant en opposition directe les débuts d'un jeune ambitieux fasciné par la bourse et du requin qu'il est devenu.
Le petit louveteau si mignon n'échappe pas à la dangerosité de son milieu. Il n'échappe pas à son terrible destin, la jungle financière le transforme peu à peu en Loup indomptable. Un grand taré dans un film de grand art.

Dans la jungle, terrible jungle, Leo est fort à croire
Et les hommes tranquilles s'endorment, Leo est fort à croire
Wimboe wimboe wimboe (version frappe sur le torse de Hanna)

Tout est sage dans le pillage, Leo est fort à croire
Plus de rage plus de carnage, Leo est fort à croire
Wimboe wimboe wimboe (version frappe sur le torse de Hanna)

L'indomptable le redoutable, Leo est fort à croire
Viens ma belle viens ma gazelle, Leo est fort à croire
Wimboe wimboe wimboe (version frappe sur le torse de Hanna)

Comme un dingue, terrible dingue
Leo est fort pour un Oscar !

Créée

le 30 déc. 2013

Critique lue 544 fois

3 j'aime

Adam Kesher

Écrit par

Critique lue 544 fois

3

D'autres avis sur Le Loup de Wall Street

Le Loup de Wall Street
Smay
5

Festival mégalobscène

J'allais mettre une note de folie juste après la séance car j'en suis ressorti emballé. Ceci dit j'ai préféré attendre et voir l'évolution de la chose dans mon esprit, à juste titre parce qu'avec du...

Par

le 9 janv. 2014

179 j'aime

Le Loup de Wall Street
hillson
5

Que tu as une grande queue - c’est pour mieux te baiser mon enfant

Un type a dit que 2013 avait apporté des blockbusters de grande qualité, et il a cité Django Unchained et Le loup de Wall Street. Que Le loup de Wall Street soit un blockbuster ne fait aucun doute,...

le 12 janv. 2014

133 j'aime

24

Le Loup de Wall Street
Strangelove
9

"Fuck USA !"

Certains parlaient d'un Martin Scorsese sur le déclin. D'autres disaient qu'il allait se brûler les ailes avec ce sujet si épineux qu'est le monde de la finance. Peut-être qu'il le savait. C'est pour...

le 27 déc. 2013

122 j'aime

21

Du même critique

Hunger Games : La Révolte, partie 1
adamkesher01
6

Katniss Everdeen et l'Ordre du Gai Moqueur

Après l'embrasement, les cendres. Dans un rythme et un ton différent des deux premiers épisodes, ce troisième opus tient le fond et la forme de la saga. La double romance prend déplorablement de...

le 22 nov. 2014

24 j'aime

1

3 cœurs
adamkesher01
3

Vérité nulle

Tout ce que la bande-annonce de "3 Cœurs" laissait présager de mauvais y est. Un récit formaté et bâclé à la fois, des acteurs enfermés dans des rôles extrêmement redondants et une mise en scène...

le 20 sept. 2014

22 j'aime

11

Les Profs
adamkesher01
3

Bande déchainée

«J'ai avoué avoir écrit ce film avec un prof de français mais il n'empêche qu'il est très con» Voila les dires, rassurants je trouve, qu'avaient Pierre-François Martin-Laval pour lancer la toute...

le 4 mars 2013

18 j'aime