Y a eu une époque où j'avais beaucoup d'admiration pour les films de Scorsese. ça s'est tassé avec le temps mais il reste un réalisateur à qui je fais légèrement confiance.
Et en voyant pour la première fois la bande annonce du "Loup de Wall Street" , mon enthousiasme est vite monté en flèche.
Le sujet était en or et le combo Scorsese / DiCaprio semblait être le choix adéquate pour ce genre de film.
D'ailleurs en ce qui concerne l'acteur, il ne démérite pas.
je comprends même qu'on ai pensé à lui pour les oscars ( même si c'est loin d'être sa meilleure performance non plus).
Le revoir en jeune premier, sniffant de la coke à tout va et baisant des putes lui va comme un gant et même si ce n'est pas nouveau chez lui, il incarne le personnage à la perfection.
ça faisait longtemps que DiCaprio n'avait pas utiliser son image de "beau gosse" et il a gardé de bons restes, on va dire.
Pour le film en lui-même, ça commençait assez bien.
La montée en puissance de ce jeune loup avide de fric s'avère efficace.
Tout débute avec une rencontre opportune avec le personnage de McConaughey ( qui n'est là qu'à peine 10 minutes mais ce sont 10 minutes immenses ).
Celui-ci lui expliquera tout ce qu'il faut faire pour durer dans ce métier : entuber les gens un max , boire continuellement , se défoncer tout aussi quotidiennement et baiser avec tout ce qui passe ( avec en bonus, un stock de pénicilline ).
Et c'est là tout le nœud du problème.
Si son côté addictif est très (trop) largement démontré , il n'y a que de trop rares moments où on le voit dans son rôle d’entubeur comme si le côté trader n’intéressait pas vraiment Scorsese.
C'est d'autant plus dommage que c'est par cette voie qu'il aurait pu introduire plus de cynisme et un peu sortir du côté sale gosse du personnage.
Parceque bien sûr que c'est un enfoiré mais c'est surtout le côté sale con qui ressort ( et vers la fin , on dérive même vers une certaine bêtise)
Côté scénario, on est dans un classique du genre "apogée et décadence" qui m'a beaucoup fait penser à "Lord of War" .
D'ailleurs la comparaison n'est pas anodine tant on retrouve de nombreux éléments communs entre ces 2 films : portrait de 2 enfoirés, voix off, drogue et pute, histoire d'amour, décadence dû à un flic trop honnête etc, etc ...
Mais là où "Lord of War" offrait un vrai message teinté de cynisme, "Le loup de Wall Street" n'arrive jamais à sortir de son côté sale gosse.
Au final, toute l'approche trader est noyé dans la décadence absolu du personnage.
Son entourage étant lui-même majoritairement dans cette approche, ça renforce encore plus cette impression.
D'ailleurs, les personnages qui l'entourent ne sont que des archétypes et n'offrent pas vraiment de consistance.
On est toujours dans le même schéma et tout devient très vite assez systématique voire redondant.
Au bout de 2 heures, on commence à s'ennuyer.
Le problème : il reste encore 1 heure de film.
Là où Scorsese me perd , c’est pourtant le moment où le film opère (enfin) un tournant .
Mais la décadence du personnage devient grotesque. Ses réactions sont de plus en plus débiles et c'est plus à un salaud qu'on a affaire mais à un abruti.
Pour tout vous dire, j'ai trouvé la dernière heure interminable et il a fallu que je me force pour ne pas éteindre avant la fin.
Avec un tel sujet en or, on pouvait s'attendre à un très bon cru et au final on a juste l’étalage interminable des addictions d'un personnage qui se vide petit à petit.
Il ne suffit pas de mettre de la drogue et des putes pour faire un film cynique et drôle.
Enfin si, c'est possible mais il faut s'appeler Terry Gilliam et aller encore plus loin.