Les moutons de Wall Street
Il y'a des films qui font un portrait au vitriol de la finance moderne, comme le documentaire d'Arte sur Goldman & Sachs.
Il y'en a qui tapent gentilment sur les doigts, sans trop en dire, sans trop vouloir se mouiller, comme le dernier Wall Street d'Oliver Stone.
Et il y'a Le Loup de Wall Street, qui lui est incroyablement complaisant.
L'inverse aurait été étonnant: pourquoi des banques auraient donné 90 Millions de Dollars à Martin Scorsese pour qu'il morde la main qui le nourrit ?
A l'inverse, toutes les fautes que le film dénonce et affiche clairement, ce sont ses abus avec la drogue, avec les femmes.
Tout les actes illégaux qu'il commet ne seront jamais expliqués, donc du coup n'ont aucun sens et on peut même en venir à se demander pourquoi ils sont punis par la loi.
A la place Martin Scorsese montre de la décadence de sexe, d'alcool, de drogue.
Des pans entiers du film pourraient servir de suite à Las Vegas Parano ou n'importe quel Very Bad Trip/American Pie au pif.
Du "Fugazi", de la poudre aux yeux comme le dit si bien Matthew McConnaughey au début.
La différence entre les épopées mafieuses du Martin façe à ce Loup de Wall Street qui suit a peu près le même schéma, c'est que ses crimes ne sont jamais montrés.
Comme si personne ne se faisait dessoudre dans Les Affranchis ou Casino.
Jamais il n'y a de victimes dans le monde magique de Jordan Belfort. Il n'y a pas d'entreprise conduite à la ruine pour s'être fait détruire par la banque qui la finançait, pas de restructuration conduisant à des licenciements en masse.
Mieux encore, aucune leçon n'est tirée à la fin. Léo vient en personne vous encourager a rejoindre le casino merveilleux, puisque après tout il ne fait de mal à personne, la crise de 2008 n'existe pas, les baisses de salaires non plus...
Même la drogue devient trop drole, trop marrante et vous offrira les meilleurs moments avec vos copains.
Alors, certains gags ont leur effet, je ne le nierais pas.
Mais au fond à quoi bon, si ce n'est me dire que la finance moderne au fond n'a pas grand chose à se repprocher ?
Il y'a un proverbe américain qui dit "Blame the game, not the player".
Scorsese lui, a préféré blâmer Jordan Belfort.
Les autres peuvent allez se faire foutre.