Le monde de la finance est terrible : une véritable jungle, un véritable océan où les requins ne cessent de déchirer lâchement la chair de leurs victimes.
Scorsese a toujours adoré les salopards de ce monde, les ordures, les personnages qui ont sombré dans la drogue et les règlements de compte faciles. Il quitte cette fois-ci les bas-fonds des ruelles de New-York pour nous montrer, façon 99 Francs, qu'il n'y a pas besoin de traiter dans le trafic d'armes pour faire partie d'une belle bande de pourritures. Di Caprio est, lui, parfait pour ce rôle. Tout comme dans Catch Me If You Can, il incarne encore aujourd'hui un arnaqueur rusé, un fin limier qui ne sait résister à l'appel de la forêt, à l'appât du gain. Le pouvoir lui monte à la tête, tout comme les drogues qu'il s'enfile à longueur de journée. Car non, la légende du gentil petit Polytechnicien qui quitte la France pour travailler dans la finance et se voit contraint à tomber dans la cocaïne pour son métier, pour quelques dollars de plus, ce n'est pas une légende. L'ironie omniprésente dans le film ne peut nous empêcher de rire. L'image est moderne, belle et moderne. Les musiques filent à vive allure, au même rythme que le yacht de notre antihéros. A peine avons-nous eu le temps de percevoir quelques notes d'une reprise punk de Mrs. Robinson que déjà Purcell fait sonner le début du générique de fin. Toujours judicieusement choisi, le fond sonore paraît pourtant absent pendant une bonne partie du film, tant il s'inscrit dans la trame narrative.
Déjà la bande annonce, grâce notamment à Kanye West, réussit à exprimer ce dédain pour la société et les lois humaines, qui nous est insupportable tout le long du film mais qui subjugue : le pouvoir et la manière d'y accéder nous subjuguent. Power is Power. Jordan Belfort ne cesse de s'y brûler. Le reste des acteurs, dont le jeu sied merveilleusement au film, est là pour en témoigner. L'apparition de Dujardin, bien qu'accessoire, est un moyen pour nous Français de faire un petit cocorico et de nous moquer des banquiers suisses. Et la présence constante du sexe et des drogues n'est pas sans nous rappeler rappelle un vieil hymne de Ian Dury.
Finalement, le seul reproche que je trouve à faire au film, c'est le passage "Titanic" - oui, Scorsese a bel et bien trouvé le moyen de faire couler un bateau dans un film avec Leonardo. Ok, c'est une histoire vraie, c'est dans le bouquin, mais l'allusion me semble un peu grotesque ("Jack !")... Tare mineure et vite oubliée.
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