DiCaprio est à fond, à son sommet, incroyable d’excès, surement trop halluciné même, armé de son charisme murissant doublé d’une sympathie naturelle ultra vendeurs à eux seuls. C’est cette sympathie pour l’acteur qui permet d'apprécier son personnage. Parce que ce magouilleur défoncé plein aux as, ce n’est pas que je le méprise ou le comprenne ou non, c’est plus que je m’en fous complètement, mais alors d’un niveau cosmique.
Et voilà donc le problème, le film repose sur cet enjeu unique, le personnage de Jordan Belfort est-il sympathique ? Il n’y a pas vraiment d’histoire, juste quelques étapes prévisibles. Il n’y a pas d’amour, pas de haine, pas de parcours, pas de montée, pas de descente, pas de récit cheminant, ni de seconds rôles vraiment présents. Ce "vraiment présents" compte pour tout ce qui vient d’être énoncé. Jonah Hill et les autres traders siphonnés sont déjantés, jouent impeccablement le jeu, mais ils n’existent pas, tout comme Margot Robbie profilée comme une Countach. Ils apparaissent et disparaissent telles des bulles de savon mais ne vivent jamais réellement derrière le feu nourri de la mise en scène. C'en est l'objectif dénonciateur de superficialité mais sur 3 heures ?... Il n’y a que mise en abîme de la superficialité. Il n’y a que débauche. Une débauche visuelle de nains, de moumoute, de chattes, de speed, de coke, de Casino, des Affranchis, de scènes classiques de Scorsese, la voix off, etc, de Las Vegas Parano pour les délires drogués, de Tueurs Nés même, pour le foutraque et le speed, etc.
De l’humour cynique oui, beaucoup de passages drôles mais pas d’amour, pas de chute, pas de lien, pas d’enjeu, pas de tension, seulement la superficialité placardée d’un geste subtilement accusateur : tu kiffes ? Réfléchis-y.
Oui, je veux bien Marty mais pendant 3 heures vraiment ? C’est la réalisation fougueuse de sa jeunesse qui m’a permis de prendre plaisir à ce Scorsese. Un plaisir gourmand, généreux mais le regret de constater que sans véritable histoire, avec un personnage qui ne sait que vendre ses couilles, sans la nostalgie d’un souvenir d’amour scorsesien autrement plus prenant aussi, ça ne peut pas fonctionner totalement. Ce qui portait Aviator en disgrâce auprès de beaucoup est d'ailleurs balayé ici aussi vite qu'un rail de cc. La vie d'Howard Hughes est pourtant autrement plus passionnante que celle de Jordan Belfort qui ne fait jamais rêver ni ne fait vibrer.
Pourtant, le show envoie du lourd, te recouvre de paillettes et de sécrétions et te poile régulièrement. Ça balance du Fuck à tour de bras, ça décoince le puritanisme ambiant, ça te jette du Lemmon 714 à la gueule. Ça fleure bon le Scorsese des grands jours au moins formellement. La bande originale rutile dans la même veine mais ne peut cacher son vide atmosphérique. C'est assez fatigant quoi... Tu veux du Jackass, de la partouze et de la drogue party deluxe jusqu’à la nausée ? Tu vas manger.
Et j'ai encore l'impression d'être super gentil... Parce que dans la section presque : c'est du Project X pour adultes.