Moi qui pensais aller voir une critique acerbe des grands milieux financiers, et des modes de vie qui les accompagnent, je me suis retrouvée plongée dans une avalanche de fric, de coke, et de prostituées de luxe. Rien d'étonnant me direz-vous et vous auriez raison... Et ce n'est pas tant cela qui m'a exaspérée. Là où j'ai été davantage surprise, c'est en découvrant le point de vue adopté par Scorsese. Loin de procéder à une distanciation critique des personnages qui nous aurait donné le recul nécessaire pour mieux appréhender ce milieu, le réalisateur nous présente ces financiers comme de joyeux gaillards, dont les blagues peu scrupuleuses et souvent attendues sont censées nous amuser et rendre sympathiques à nos yeux ces personnages. Je ne pense pas être facilement outrée, mais voir des femmes se faire humilier pendant trois heures ne m'a jamais fait rire. Quand les femmes sont systématiquement réduites à l'état d'objets sexuels et que ce film nous l'impose comme des scènes comiques, alors oui, j'ai du mal à percevoir le fond critique du film. Mais peut-être ces passages sont-ils nécessaires pour apporter un peu de piquant à l'inconsistance des dialogues. Allons allons, mais c'est un film cynique. J'entends déjà ces remarques résonner à mes oreilles. Mais, me semble-t-il, personne n'a jamais pensé à faire un film cynique sur le travail des enfants, ou l'esclavage ? Étonnant non ? S’esclaffer pendant des heures de blagues racistes ne semble enthousiasmer personne mais rire quand une femme est rabaissée, sans aucune distance critique, paraît faire davantage l'unanimité. Le film donne d'ailleurs assez vite le ton, puisqu'il s'ouvre sur un lancer de nains, dont les mimiques outrancières de Di Caprio semblent devoir en faire une scène comique. Rares étaient les spectateurs qui n'esquissaient pas un sourire... Finalement, ce film aura été remarquable sur un point : tournez votre regard, observez la salle, reflet de notre société, ses réactions et vous comprendrez que l'émancipation féminine est loin d'être gagnée...