L'homme est un loup pour l'homme.
Le surnom dont a hérité le héros de cette histoire dit parfaitement le fond de cette histoire.
Que Scorsese ce soit empressé d'acheter les droits de la biographie de Jordan Belfort est une évidence dans sa manière de raconter la vie des hommes de son Pays. Car Scorsese ne film pas des histoires d'homme sans histoire. Il film des prédateurs. Si les hommes devaient connaîtrent un jour une espèce supérieure, peut-être dirait-on alors de Scorsese qu'il était un anthropologue de la prédation humaine.
Car c'est bien notre nature animale dont il s'agit cette fois encore avec Le Loup de Wall Street.
Dans une violence qui n'a rien à envier à Gangs of New York.
Au 20ème siècle, la financièrisation des marchés de capitaux offre une opportunité incroyables aux prédateurs sans scrupule. Le film dit tout du drame de notre société actuelle et à venir : la cupidité, le pouvoir de l'argent et la fatuité de cette quête infinie.
Di Caprio, au sommet de son art, incarne cette ambivalence contemporaine avec maestria : plus vorace qu'un lion affamé dans le quotidien de sa "profession", il irradie dans des scènes qui s'apparentent à des mises à mort (les proies se font hypnotisées avant le coup de grâce), mais reste aussi seul au monde que nous le sommes tous lorsque nous prenons conscience de notre existence. Cogito ergo sum. Sauf que Jordan Belfort ne semble jamais penser et c'est sans doute le tour de force que réussi Scorsese. L'ivresse, la défonce, les orgies s'arrêtent parfois pour laisser place à un état d'hébétude. Le même état que celui qui suit la fin des combats sur les champs de bataille ou fument encore les cadavres tièdes.
En ne moralisant jamais la moindre seconde de cette histoire, Scorsese nous laisse, de surcroit, seul face à ce constat sans appel : l'homme est le plus violent des animaux de cette planète. Scorsese film une société où la valeur accordée à l'argent bénéficie encore d'une bienveillance collective. La même bienveillance dont font preuve les brebis regardant leurs agneaux pâturer deux pas plus loin que le troupeau pour bénéficier d'une herbe plus verte.
Certains critiques de ce film parlèrent de misogynie, de bestialité. Les malheureux! Ne comprennent-ils pas que c'est bien pire que cela! Il s'agit de nous. Chaque seconde sur cette planète nous rappelle que
l'homme est un animal. Et chaque grand film de Scorsese nous rappelle le chemin qu'il reste parcourir vers notre humanité. Le loup de Wall Street fait parti de ces grands films.