Le biopic d'un escroc de Wolf Street par Martin avec Leo dedans ? Il fallait absolument que je voie ça ! Du coup j'en ai profité et j'ai calé un rencard avec le visionnage de ce film. Ce qui, soit-dit en passant, était une mauvaise idée. Le rencard, pas le film. Et pas le film avec le rencard, mais mon ex-copine. Enfin bref, c'est la vie comme dirait l'autre.
On a le droit au biopic de ce fieffé et grandiloquent larron de Jordan Belfort. Dont le nom me fait penser à un mélange de plusieurs fromage. Ce mec se conduit véritablement comme un gosse, sauf qu'il a des dizaines de millions de dollars à claquer. Il fait tout ce qu'il lui passe par la tête, se fiche des conséquences, s’achète des tas de jouets. En bref un gros bébé qui carbure au fric, à la coke, aux putes, encore aux fric, au cul, aux pilules de lude... Et le film ne se prive pas de le montrer, à tel point qu'il en ferait même trop. À la hauteur de son addiction pourra t-on dire. Mais tout cela fait en grande partie l'intérêt du film, cette ambiance tragi-comique orgiaque et décadente. Oui comique, parce-que les situations burlesques s’enchainent : du concours de lancer de nain aux vannes plus ou moins bien senties, ce film est une grosse déconne qui ne se prend pas trop aux sérieux. J'ai eu quelques petits rires avec ma copine, bon surtout sur l'humour noir mais on ne se refait pas... On entre même dans ce que l'on pourrait appeler une sorte d’hyperbole survitaminée de l'histoire originale. Le quatrième mur est même quelquefois brisé par un Leo en grande forme, décidément cet acteur donne un vrai plus à ses film. Pourtant c'était loin d'être gagné au début (Roméo+Juliette, Titanic...).
Heureusement que l'on ne tombe pas dans le tragique, parce-que vu la tronche que tire Belfort actuellement ce serait peu crédible. Le bougre est on ne peut plus radieux. Surtout que c'est loin d'être une tragédie pour l'ami Jordan, qui n'a passé que la bagatelle de 22 mois en prison. Pas très cher payé, n'est-ce pas ? Il s'agit certes d'une histoire inspirée de fait réels mais évidement largement romancée et interprétée dans le film, comme il en va de même dans tout film, toute œuvre ou tout travail (journalistique ou historique par exemple). Et puis ce film est très long, et voir un film aussi long sur ce sujet traité de manière complètement sérieuse cela m'aurait certainement vraiment ennuyé, à moins qu'un réel génie ne s'en dégage. Hors ce n'est pas le cas ici. Certes c'est un bon film, bien réalisé qui plus est, mais pas un de ceux véritablement marquants qui te donnent envie de les voir et de les revoir à l'infini.
Et puis les acteurs jouent plutôt bien, même si je n'ai pas pu me rendre compte complètement de leur jeu puisque j'ai vu le film en VF. Ne me huez pas, on n'a pas tous la chance d'avoir un cinéma diffusant la version originale. Et puis de toute façon je suis loin d'être assez bon en anglais pour voir une VO, les sous-titres me sont donc indispensables et pas un seul cinéma à proximité de chez moi ne le fait... C'est juste la voix de Naomi qui m'a insupporté (j'ai l'impression de l'avoir entendue des milliers de fois sa putain de voix), mais les images ont largement atténué ce sentiment. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs... J'ai aussi particulièrement apprécié le petit speech de Matthew McConaughey sur la branlette et la coke ainsi que son petit « haka » guerrier. Juste cultissime. Donnie m'a également bien fait marrer avec son air stupide et son débit de conneries absolument hallucinant. Notre Jean national est par contre assez transparent. Il est tellement mieux dans les films muets... Sinon j'ai entendu la chanson « Everlong » en plein milieu de ce film et ça fait vraiment plaisir ! Le reste de la B.O ne m'a pas particulièrement marqué, juste le « Ça plane pour moi ». Mais ça m'a plutôt fait marrer qu'autre chose bien que j'ai vraiment trouvé ça surprenant dans un film américain. Mais qu'est-ce que tu fous là Bertrand ?
Au final on a donc ici un bon film de Scorsese, bien entendu pas à la hauteur de ses meilleurs, mais il ne faut pas trop en demander non plus. Rien que celui d'avant, Hugo Cabret, me repousse plus qu'amplement. Le Loup de Wall Street est un film à la fois drôle et captivant qui m'a fait passer un assez bon moment. Sérieux je suis heureux de ne pas avoir eu à me forcer pour le finir. On n'échappe malheureusement pas au schéma d’ascension et de chute si cher à Scorsese, et le film a un relent d'Affranchis grand-guignolesque mais honnêtement ça passe très bien à l'écran. Et puis ce film profite honteusement de nos bas-instincts ! Franchement qui ne voudrait travailler avec des lions et des chimpanzés ? C'est trop cool ! Comment ça vous préférez les minous ?
« Et les victimes alors ? On les oublie ? »
C'est un commentaire qui est revenu souvent et je ne peux qu'exprimer mon désaccord sur ce point. Je ne peut qu'acquiescer le fait que dans tout le film les victimes des magouilles de notre cher petit dépravé de Jordan restent strictement virtuelles, y compris pour le spectateur. Une voix à l'autre bout du combiné dans le cas le plus explicite. On comprend mieux pourquoi Belfort peut avoir aussi peu de remords, son profond cynisme mis à part il est également totalement déconnecté des gens qu'il escroque. Si on l'avait réellement mis en face de ses victimes et de l'intégralité de ses méfaits je me demande si il pourrait dormir tranquille. Mais celles-ci ne représentent rien pour lui, si ce n'est un chiffre sur l'un de ses compte en banque.
Je me demande ce qu'attendent les gens qui soulèvent l'argument des pigeons de Belfort, peut-être que le réalisateur insiste lourdement sur le fait que c'est très mal de faire ça tout en n'oubliant pas de lui mettre une petite tape symbolique sur les doigts histoire de montrer que c'est vraiment, mais alors vraiment, très mal. Histoire de ne pas rigoler et de donner le ton. Pour ma part j'aurai eu l'impression que l'on me prend pour un gosse de cinq ans en m’assénant une morale digne d'un de ces insipides torchons pour gamines. J'aurai même certainement renommé cette critique « Martin crie au Loup » ou une connerie du genre. Dans ce cas précis je remercie Scorsese de n'avoir pas cédé à la tentation d'imposer son propre jugement sur le cas Belfort. Ce serait si facile de crier « Au voleur, au voleur ! » et de pointer du doigt le méchant Jordan. Parce-qu'à moins d'être un abruti complet, et je pèse mes mots, si l'on ne se rend pas compte que des gens se sont fait salement entuber dans l'histoire c'est que l'on vaut une bonne dizaine de Pangloss (Candide ? Trop facile.).
Franchement, avouons-le, taper directement sur Wall Street et le système financier capitaliste c'est tellement vu et revu que ça en serait lassant. Ce film est un biopic anti-héroïque, qui reste à hauteur d'homme et évite d'en remettre une couche sur ce que tout le monde sait déjà. Pour une fois que c'est la nature de l'homme qui est remise en question. Parce-que oui, en effet, c'est bien le cynisme et l'hybris de ce pasteur lupin qui sont principalement visés. Certes cela n'est pas indiqué de manière directe mais l'évidence est là : c'est à nous d’interpréter le personnage de Jordan Belfort. La scène de fin est d'ailleurs toute révélatrice de son cynisme : le loup repenti se déguise en agneau pour mieux revenir parmi le troupeau. Et puis dans le milieu avec son Stratton Oakmont c'est une petite frappe (Courtier Forex) et il n'est pas spécifiquement dangereux, surtout face à certaines banques du système ayant une réelle influence économique et politique. Quand les loups chassent en meute ils sont tout de suite plus dangereux.
Sinon instant cocorico ! Il y a un français plus de cinq secondes dans un film de Scorsese ! Comment ça c'est Loulou ? Enfin bref, Dujardin est aux fraises alors que ce sont les fraises qui doivent être au jardin.