Des beaufs avec du pognon !

J'avais été voir ce film à l'époque de sa sortie, et j'avais estimé que c'était le meilleur film de l'année 2013. Je l'ai revu et mon jugement reste toujours le même.

Ce film se place dans la continuité des Affranchis et de Casino : après avoir parlé des mafieux et de la manière dont ils bossent, il montre que les gangsters modernes sont pour le coup . Et pour le coup, il filme le plus crapuleux, un type nommé Jordan Belfort, un arnaqueur qui a réussi à se trouver une forme de parade légale à toutes ses magouilles.

Et c'est filmé de la même manière avec le petit rookie qui arrive dans le milieu du crime et se laisse corrompre, la montée progressive des échelles, la voix off omniprésente, l'immoralité du milieu où ça carbure à la drogue et aux putes. Le film est drôle parce qu'il montre à quel point Belfort est un abruti qui se croit plus intelligent que tout le monde (cette scène géniale où il invite des agents du FBI sur son Yacht en étant persuadé qu'il va les corrompre et se les mettre dans la poche alors qu'il est juste en train de confirmer leur soupçon) et qu'il est juste un arnaqueur entouré de gens encore plus stupide que lui. Le film est en lui même découpé en plein de petits épisodes où chaque scène est limite un sketch à part entière.

Les mecs sont juste des types vulgaires mais avec un costume trois pièce. Scorsese sait que ce qu'il montre va faire tourner la tête de gens qui ne savent pas lire entre les lignes, tout comme certains ont construit leur carrière de bandit en matant Scarface et les Affranchis ,mais il préfère l'ambiguité de son film et explique qu'il ne fait pas de films pour les ados de 14 ans. On sent qu'il n'a pas eu à pousser très loin pour montrer à quel point ces gens ont beau suer des billets par tout les pores de la peau, ce sont d'immense beaufs qui se complaisent dans la superficialité, claquent un pognon monstre dans la drogue et les putes, et n'ont pas d'ambitions dans la vie que de claquer encore et toujours plus de pognon dans des trucs vulgaires. Sans parler de moment où leur mode de vie les montre clairement comme des bouffons pitoyable (dont une scène de drogue hilarante où Jordan Belfort peut avoir le fric qu'il veut, conduire une Ferrari lui est impossible.)

Alors, oui, certains ont reprochés que sur les trois heures certaines scènes se répétaient, mais il y a comme une espèce de jouissance totale dans ce bazar, dans ces discours de motivations ultra-ultra-ultra pété, dans ces scènes de débauches absurde et dans l'obscénité du personnage. On a l'impression qu'à chaque fois que le personnage se vante d'un truc, il y a une distance qui se met avec ce qui est montré et qui fout mal à l'aise. (A l'image de cette anecdote sur deux employés qui se sont mariés et dont l'un a finit par se suicider.) Si le personnage de Di Caprio raconte face caméra que ce qu'il fait est dur à comprendre, en réalité, c'est pas très compliqué : il se fait masse d'argent en prenant des commissions et en refourgant des produits minables.

Rétrospectivement c'est intéressant, parce qu'en dix ans, sont apparus des nouvelles arnaques comme la vente de formation en PDF, les cryptomonnaies ou les NFT et on a l'impression que Le Loup de Wall Street en parlait déjà. Là encore, le film a servit tout autant d'inspiration que de prophétie, et avec Elon Musk et Donald Trump, les années qui ont suivi ont confirmés à quel point on pouvait avoir se croire plus intelligent que tout le monde, tout en montrant à quel point ils sont très vulgaire. Lorsque je les vois faire des doigts aux agents du FBI, j'ai du mal à ne pas me souvenir d'Elon Musk en train de publiquement faire des mèmes sur les commissions parlementaire qui cherchent à réguler Twitter/X.

Di Caprio y est magistral dans ce film et s'est taillé dans le rôle, mais le casting autour est tout aussi parfait : Jonah Hill y joue le second de Belfort encore plus loin dans la bizarrerie et la crétinité que lui, on y trouve des gueules de séries comme Ethan Suplee et sa gueule éternelle de benet quadra (il ne les avaient même pas à l'époque) Jon Berthal, Kyle Chandler (toujours parfait quand il faut interpréter le rôle du mec droit dans ses bottes) Jean Dujardin pour le casting international (et montrer un mec plus malhonnête que Belfort) Matthew McConaughey et Jon Favreau qui passent aussi dans le coin. Margot Robbie y décroche un des rôles qui va propulser sa carrière.

Ha, oui, et je suis pas mécontent d'avoir vu Wall Street il y a quelques années, puisque le Loup de Wall Street est une vision déformé du film d'Oliver Stone où le personnage campé par Charlie Sheen aurait été heureux de devenir un pourri.