Ou quand le cinéma de Scorsese semble être rentrer en collision avec celui de Tarantino. Jamais le cinéaste n'a marqué un tel lâcher prise dans sa manière de nous raconter une histoire, de mettre en avant ses personnages. Et le tout en gardant une maîtrise absolue dans son récit et sa réalisation, impeccable comme toujours. Posant un regard sans concession sur le milieu financier, Scorsese nous montre Wall Street comme une jungle sans foi ni loi où seul le plus fort et le plus impitoyable l'emporte et où tous les excès sont permis. Rarement autant de scènes de débauches (sexe, drogue et fric) auront d'ailleurs été montré dans le paysage du cinéma américain. Mais Scorsese a aussi pu compter sur un autre atout majeur : son casting 5 étoiles. Jonah Hill, Matthew McConaughey, Jean Dujardin, etc. Tous prennent un plaisir certain à camper chacun de leurs personnages hauts en couleurs. Mais la cerise sur le gâteau, le must du must, c'est bien Leonardo DiCaprio, qui prend un plaisir monstre et se lâche plus que jamais dans le rôle de Jordan Belfort, financier aux dents longues pour lequel les mots d'ordre sont : bénefs, fric, partouze, drogue, re-drogue. La symbolique même de l'excès sous toutes ses formes, et qui ne pourra finalement que déboucher dans une impasse. Si avec tout ça, il ne décroche toujours pas de statuette, c'est à ne plus rien n'y comprendre (en même temps, a-t-il encore besoin d'une statuette pour attester de son talent sans limites ? Je pense que son CV devrait suffire. Mais ça ferait un beau bonus.). Une multitude de scènes d'ores-et-déjà cultes, soulignées par la plume de Terrence Winter ("Les Soprano", "Boardwalk Empire") et des numéros d'acteurs prodigieux. Du plaisir en barres et en images, en somme. Car oui, le cinéma, c'est aussi raconter des histoires en prenant tout simplement son pied, et "Le Loup de Wall Street" en est un parfait exemple. Voilà le genre de film que j'aime voir en tant que spectateur. Voilà le genre de film que j'aimerai faire en tant qu'acteur et en tant que réalisateur. C'est dit.