Ce Wolf Man (1941) est l'un des premiers films à mettre en scène la lycanthropie. C'est même la plus vieille 'grosse' référence dans le genre, éclipsant souvent Le monstre de Londres (sorti six ans avant et également soutenu par Universal) dans la mémoire cinéphile. Il arrive une décennie après les Dracula, Frankenstein, Invisible Man ou Mummy pour compléter les franchises Universal Monsters. Son héritage direct sera plus étriqué, avec seulement She-Wolf of London en 1946, mais l'influence sur les représentations à venir est importante. Le personnage de Lawrence Talbot existera au-delà en tant que partenaire de plus grosses aberrations que lui : il est repris (avec le même interprète) dès les années suivantes en cross-over avec Dracula et Frankenstein sous l'égide d'Erle C.Kenton.
Dans la famille des films de loups-garous, The Wolf Man occupe une place d'honneur un peu par défaut, mais il a plusieurs atouts pour séduire les puristes du sous-genre ou de l'horreur old school (dont la présence de Bela Lugosi, l'interprète du Dracula de 1931 qui finira sa carrière dans Plan 9 d'Ed Wood). Les légendes liées à la bête sont légèrement étayées grâce aux contributions d'une vieille bohémienne. Les pratiques concernant le loup-garou et notamment l'anecdote de la balle d'argent pour l'abattre sont respectées. La créature n'apparaît jamais très longtemps et sa distinction avec l'homme tient essentiellement au visage. Le maquillage appliqué sur Lon Chaney Jr le fait ressembler à un Michel Simon hirsute, option moins impressionnante que celle portée par le docteur Glendon dans Werewolf of London.
Par rapport à ce dernier le Wolf Man de Waggner n'a pas pris d'avance [concernant la bête], mais il y a davantage d'aisance dans la gestion du carton-pâte et de largeurs dans l'espace. Le film de 1935 était encore plus bavard et porté aux diversions, avec davantage de classicisme. Il allait au-delà des exclamations d'hommes soit-disant 'de science' ou de bonnes mœurs et autres sceptiques bien-pensants. Dans la version qui aura droit à un remake avec Hopkins et Del Toro en 2010, les dialogues et l'approche sont plus explicatifs et infantiles ; The Wolf Man n'a rien à 'envier' de ce côté aux séries B pour ados des années 1980 – à moins que le spectateur ne puisse faire sans le gore, il est aussi divertissant. La défiance communautaire envers le type atteint est un motif récurrent et, comme le côté occulte planant sur l'affaire mais dans une moindre mesure, donne une justification aux scènes les plus expressives (pic de suspicion à l’Église).
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