"Toto, j’ai l’impression que nous ne sommes plus au Kansas."

Le monument « Le magicien d’Oz », sortie en 1939, est le film le plus vu dans le monde selon la Bibliothèque du Congrès américain. Malheureusement, le temps ne l’aura pas épargné, et visionner depuis notre époque l’œuvre nous paraitra affreusement désuète, notamment à cause de ses effets visuels approximatifs, et ses costumes ringards.

N’allait pas croire pour autant que je n’aime pas cette œuvre, en réalité je l’apprécie particulièrement, j’aime son audace visuelle, son univers enchanteur, son ambiance fantastique, mais j’avoue que les défauts de la production me sautent aux yeux et ternissent mon plaisir.

À commencer par l’histoire, qui manque de rythme et de cohérence. Si certains aspects ne cesseront jamais de m’enchanter, comme les personnages de la réalité transposée dans le rêve, le passage du noir et blanc à la couleur entre les deux univers, ou encore le sentier aux briques jaunes qui s'enfonce dans les décors, j’avoue que certaines séquences me désespèrent, la confrontation avec la sorcière qui manque d’intensité, les séquences toutes similaires ou Dorthy rencontre ses compagnons. Ces dernières sont construites sur un même schéma : à savoir leur rencontre sur le chemin, suivis de la mise en lumière de l’intrigue secondaire du personnage (l’un voudrait un cœur, l’autre un cerveau, et le dernier du courage), et enfin une chanson illustrant cela, dans un manque frappant de diversité.

Les personnages sont malheureusement d’une fadeur improbable, notamment ce magicien d’Oz dont je n’essaie plus de comprendre les motivations tellement elles sont illogiques. Heureusement, les acteurs donnent de leurs personnes, notamment Judy Garland qui est remarquable.

En France, les chansons ne sont malheureusement pas retranscrites dans notre langue, ce qui malheureusement casse toute immersion et fait fuir le jeune public. C’est vraiment ce que je déplore le plus dans cette version française. En parlant de chanson, il faut aussi reconnaitre que la seule qui a un véritable intérêt est celle de Judy Garland, le fameux « Over the Rainbow », toutes les autres sont minables et sans saveur.

À savoir aussi que la réalisation de ce film aura été calamiteuse et jonchée d’accident, avec des acteurs et doublures brulés aux seconds degrés, victimes de chutes et quelques fois hospitalisés durant des mois. Autant dire que la sécurité sur le plateau ne semblait pas une priorité pour la Metro-Goldwyn-Mayer.

Malgré ses défauts, l’œuvre est l'un des plus grands chefs d’œuvre du cinéma, et s’il n’est pas le meilleur film fantastique ou la meilleure comédie musicale, il est l’un des plus grands représentants de ses deux genres, ce qui se comprend au vu de l’impact culturel qu’il a eu auprès du public. En ce qui me concerne, je ne peux attribuer à l'oeuvre qu'une note mitigée, même si mon âme d'enfant veut le contraire.