Au service de ses majestés...

En 1994, Forrest Gump retraçait à sa manière l'histoire des Etats-Unis des années 50 aux années 80 dans son film éponyme culte. Pendant ce temps, un autre Forest officie en tant que majordome, témoin de 30 ans d'histoire in vivo cette fois-ci, auprès de 8 présidents américains, forcément tous concernés par le conflit sur les droits civiques des noirs qui sévit jusqu'alors au plus haut en Amérique... Etouffé par les obligations que lui incombe sa fonction d'un côté, et sa condition de nègre de l'autre, notre héros va vite se retrouver dans un étau politique...

Forest Whitaker, accompagné d'une Ophrah Winfrey méconnaissable, est d'une présence et d'une sympathie incroyables. Ils président tous deux aux côtés de seconds rôles prestigieux, tels que Robin Williams, Lenny Kravitz, Jane Fonda, Alan Rickman, Liev Schreiber... Ni trop longue, ni trop rapide, chaque scène demeure essentielle pour le spectateur. L'alternance entre ces moments doux, ce calme olympien à la Maison Blanche, puis ces passages beaucoup plus durs à l'encontre les noirs, sert autant le rythme du film que nos consciences, décidément captivées par ce qui nous est conté. La force de frappe est phénoménale.

Soit autant de raisons de compter Le Majordome comme un sérieux prétendant à la course aux Oscars, ne serait-ce que pour son interprétation. Car c'est probablement l'un des meilleurs regards qui ai été porté à l'écran sur le sujet. Obama verse sa petite larme, Lee Daniels réconcilie l'Amérique avec son histoire grâce à un récit touchant, puis violent, et de fait excellent, car il est écrit noir sur blanc...