Témoin A la Maison Blanche

Je suis assez partagé sur ce film. J'ai voulu le critiquer en même temps que le film Black Panther parce que tant qu'à parler de Black Panther, pourquoi ne pas parler d'un film qui en parle ? Du coup, j'ai décider de donner mon avis sur le film Le Majordome de Lee Daniels, l'un des showrunner de la série Empire. Lorsque je l'ai vu la première fois, j'ai vu qu'il était un sympathique film à Oscar. Cependant, plus j'y réfléchis, plus je trouve le film toujours bon mais...qui a les qualités d'un film à Oscar lambda.

Le cinéma de Lee Daniels

Lee Daniels est un réalisateur qui a surtout fait des films engagés et mettant en avant des histoires centrées sur des personnages afro-américains.A l'exception de The Paperboy, il a réalisé Shadow Boxer, produit le film qui a oscarisé Halle Berry, A l'Ombre de La Haine, et Precious, qui est pour moi était sympathique et sans plus (mais qui mérite d'être vue pour l'actrice Mo'Nique vraiment détestable en mère de famille fumeuse. Je pense que pour lui et quelques autres, on pourrait faire une liste des réalisateurs à Oscars. Vous savez des films qui sont certes bien filmés mais qui n'ont en commun que des histoire bouleversantes. C'était le cas de Precious et c'est aussi le cas là. Cela dit, c'est bien filmé et on ressent vraiment le temps qui passe sans pour autant qu'on est des transitions gênantes. Il faut reconnaître que ce sont les présidents qui se succèdent qui rythme quelque peu le film. Cela dit, cela se voit sur le vieillissement des personnages. Tiens parlons-en.

Cecil le mal aimé ?

Dans le rôle de Cecil Gaines on a Forest Whitaker. Il interprète bien le père de famille face à un devoir à la fois prestigieux mais dans le contexte mal vu. Le ton et les rapports de force sont moins hypocrites que dans les Saveurs du Palais, mais plus dur et frontal. La charge va le rendre témoin des actions et de la destinée de chacun des présidents, mais qui sera perçu comme une traîtrise au sein de sa famille qui au début, vivait dans une Amérique encore ségrégationniste. Cependant, lui a pris la décision de mener dignement sa tache, devenant un conseil pour certains présidents (comme Kennedy) où témoin d'une face peu reluisante de d'autres comme Lyndon Johnson et Richard Nixon.

Gloria Gaines est jouée par la reine de la télévision américaine, Oprah Winfrey. Si au cinéma, elle y apparaît assez peu (elle a prêté sa voix dans la Princesse et la Grenouille, a joué dans Selma et récemment un Raccourci dans le Temps), ne joue pas réellement le rôle de la femme qui soutient son mari, mais plutôt la femme qui se pose des questions sur sa place dans la famille. Elle subit la tentation de le tromper et le faite que ses enfants commencent à s'emmanciper. Finalement, elle choisira de soutenir son mari jusqu'à sa mort.

Louis Gaines est le 3e personnage important du film. Joué par David Oyelowo, c'est un homme qui se bat pour l'égalité et la place des afro-américains dans la société et surtout au début, critique son père et sa position. Il deviendra membre des Black Panthers sous l'impulsion de sa femme mais sera vite dépassé par la radicalité du mouvement.

Les autres personnages sont très secondaires mais assez fonctionnels. Howard (Terrance Howard) n'est là que comme amant de Gloria, Carter Wilson (Cooba Gooding Jr) est un collègue de Cecil, et les présidents, sont assez intéressants. Ils sont assez inégales en termes de présence (Robbi Williams en Dwight Eisenhower, j'aurai aimé en voir plus) mais parfois marquant. James Marsden joue un Kennedy assez différent du Kennedy de The Crown. Liev Schreiber en Lyndon Johnson est comme on imagine le personnage, pareil pour John Cuzack en Richard Nixon, et Alan Rickman en Ronald Reagan est ...là. Ouais.

Le temps passe vite à la maison

Le film s'articule sur la vie de Cecil qui voit l'évolution de la société, sa famille et les présidents à travers 7 présidences (même si on ne montre pas tous les 7, Carter et Ford sont absents). L'histoire est donc intéressant uniquement pour voir l'impact qui l'a de son fait ou malgré lui dans sa famille et chez certains présidents. Il voit aussi la société évoluée. Et c'est un peu la force et la faiblesse du film : Il n'est qu'un témoin, trop peu acteur des événements. Du coup, je ne suis pas entièrement d'accord pour qu'on le considère comme un "Oncle Tom" (de plus le personnage originel n'est même pas l'Oncle Tom de la culture populaire). Si on le compare à Samuel L. Jackson dans Django Unchained, les 2 personnages sont très différents. Il a effectué un travail comme n'importe quel travailleur, et a suivi à son échelle bien plus qu'on soupçonnerai. Heureusement, le film est bien plus centré sur son entourage et leurs évolutions, et on voit à quel point le monde change et comment ils doivent évoluer. Bref, on a une histoire qui trouve son intérêt dans bien d'autres choses qu'on pensaient au premier abord, malgré son rythme étrange et assez lent.

Mieux que Precious mais film à oscar

Le Majordome est un bon film, plus intéressant que Precious, le précédent film de Lee Daniels, mais qui demeure un film à Oscar sur sa forme et son fond. Assez intéressant d'un certain point de vue, il dresse plus un portrait des Etats-Unis à travers le regard d'un homme qu'un film sur la le personnage. Je terminerai avec la dernière phrase de Cecil.

Inutile de me montrer le Bureau Ovale, je connais le chemin.