Aube d’orée
Revigorante rupture que celle opérée par Ryusuke Hamaguchi : après des films volontiers verbeux et littéraires, explorant les complexes oscillations des rapports humains et amoureux, Le Mal n’existe...
le 14 avr. 2024
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hjhxhvxkvihioixnoin (ma réaction après la scène finale et en ressassant le film durant mon trajet en métro)
bah c'est incroyable, moi qui suis très client de la lenteur, des cinéastes qui prennent le temps de montrer les choses, qui ne s'obligent pas à avoir sans cesse de l'intrigue ou des choses qui se passent, j'ai été pris directement dans le film
surtout qu'en l'occurrence ça a un sens. Hamaguchi nous montre la vie très paisible de Takumi et autres villageois, il nous montre la forêt, l'eau, les animaux, la végétation, parce que tout ça va être menacé par le projet de Glamping
passer tout ce temps à nous montrer ces choses-là, permet au réal d'éviter de faire dire plus tard aux villageois comme la nature est belle et qu'il faut la préserver. Pas besoin. On l'a vu. Et c'est bien mieux, c'est plus subtil, c'est même plus profond parce que ça nous l'a fait ressentir, longuement, en détail. Puis bien sûr ça donne de très belles images
et donc par dessus tout ce premier aspect qui me parlait déjà, s'ajoute la très belle musique d'Eiko Ishibashi qui est immédiatement marquant tant elle dénote avec l'atmosphère se dégageant des images. Elle indique immédiatement du drame, dès le début du film, alors que tout va encore bien.
En plus, Hamaguchi s'amuse à jouer avec elle, la faire commencer ou s'arrêter avant ou après des scènes, ou très brutalement en leur milieu. Ca a un côté très ludique, et là ça me permet de faire le lien avec ce que le réal a dit dans les Cahiers du Cinéma :
"L'une de mes grandes influences dans l'utilisation de la musique est Jean-Luc Godard [...] ne pas utiliser la musique pour contrôler les émotions du public, mais pour éveiller sa sensibilité. Cela se fait essentiellement à travers la manière dont la musique intervient dans le montage. Chez Godard, la musique fait évoluer les plans. Si une musique est belle, elle apporte de la beauté aux images, les rend plus poétiques, mais si on la coupe soudain, le son d'ambiance prend immédiatement une autre épaisseur. Nous écoutons la musique et les sons avec les mêmes oreilles, et couper soudainement la musique, ce n'est pas exactement la retirer mais faire que son écoute transforme notre perception des sons d'ambiance ou de nature"
Tout ça se retrouve clairement dans ce film, et c'est super
Puis donc intervient une compagnie qui veut s'apprête à bouleverser tout un écosystème bien tranquille, pour vendre à des citadins une expérience qui les rapproche de la nature, au mépris absolu de la vie et des avis des locaux.
Il y a donc conflit entre compagnie et locaux, mais sans éclats. Les villageois sont résolus mais calmes et polis, et la compagnie maîtrise trop bien la communication pour aller contre eux de front.
On pourrait croire à du mieux avec les 2 médiateurs de la compagnie qui semblent prendre un peu plus la mesure de la vie locale, mais ça reste en superficie, très égocentré. D'ailleurs ils ne remettent pas tellement en question le projet de leur compagnie malgré les critiques qu'ils y font.
et puis il y a cette fin, dramatique comme annoncé par la musique depuis le début, qui arrive si subitement qu'elle en est absurde. puis on peut relire ce qui s'est déroulé avant, ou plutôt ce qui ne s'est pas déroulé (dialogue et considération de l'autre), et elle devient plus logique
ce mélange d'absurdité, de violence et conséquence logique des événements, qui se déroule si subitement, ça retourne vraiment
surtout après un film si calme
il fallait oser, et ça paye parce que ça donne un film subtil, complexe, riche
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Créée
le 12 avr. 2024
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