Pendant un bon moment je ne comprenais pas bien l'intérêt de nous montrer un personnage principal aussi peu aimable. Ce Léon est systématiquement infect ou au mieux un peu chiant avec son meilleur ami, hostile au copain de la fille sur qui il lorgne, incapable de vivre quoi que ce soit avec cette dernière, jaloux dès qu'on s'approche de son éditeur... Et puis finalement, arrivé au dernier tiers ou dernier quart du film, tout s'imbrique bien.
La psychologie de ce personnage fonctionne bien, on le comprend, on peut développer de l'empathie pour lui. D'autant plus que c'est un portrait pas si courant. Ce n'est pas le cliché de l'artiste raté, pas le cliché du type à la page blanche, pas le cliché de l'asocial... c'est autre chose, et c'est très bien comme ça.
C'est aussi un film qui reste sobre, pas besoin de faire dire à ce personnage principal ce qu'il ressent, on le voit bien par son attitude, par ses regards silencieux. Pas besoin non plus d'appuyer les émotions par de la musique ; seule une scène en utilise vraiment pour donner un élan poétique, mélancolique peut-être, qui prend assez bien.
Je regrette une ou deux coupe, comme lors d'une scène où Léon vient de s'engueuler avec la fille qu'il convoite, et déçu de lui-même, il s'agace : un cut : il est au même endroit, la tête dans les mains, sans doute à sangloter. Pourquoi ne pas avoir déroulé une prise unique ? Dommage.