Bonjour tout le monde,

Remarquons que les onze premières minutes de cette grande œuvre cinématographique poétique, écologique et symbolique sont sans dialogue et elles forment un alliage, subtil, onirique et sublime, entre des images transcendantes de la nature forestière et montagneuse en dialectique savante avec une musique qui incarne un personnage de ce film simplement méditative et énigmatique comme la vie parfois ...............Cet acte introductif lie les images poétiques et naturelles à la musique, harmonieuse et diaphane , comme si nous voyons un film de cinéma muet.............Cette composition musicale, ambitieuse et étonnante, est signée par Eiko Ishibachi qui est une auteure, compositrice , interprète et multi-instrumentiste japonaise comme le réalisateur Ryusûke Hamaguchi qui a enfanté " Drive my car " notamment.

Les feuillages d ' une forêt de conifères défilent en des magiques et magnifiques paysages de montagne enneigés que regarde la petite Hana et les villageois en osmose avec cet éco - système et qui risque de devenir trop modifié par les professionnels du fric , coûte que coûte, en un inquiétant et préoccupant saccage de cette nature minérale, végétale et animale ........

La musique d' Eiko Ishibachi envoûte nos oreilles sublimement sidérées et conquises par ces harmonies si étonnantes de poésie mélancolique, de mystère naturel et lumineux et mêlés aux sons de la vie forestière et montagneuse ...........Les compositions musicales d' Eiko Ishibachi et les plans séquences et les travelings de Ryusûke Hamaguchi se marient intimement et complètement en un dialogue mystérieux entre les notes de musique et les images tel des paysages mentaux en somme .........

Hors donc, des promoteurs de Tokyo ont le projet de créer un " glamping" ( glamour + camping = glamping...belle équation non ! Beau mot valise également ) ce qui inquiète légitimement les habitants de cet endroit si beau et calme que" le mal n'existe pas" ( titre du film en langue française et " Evil does not exist en langue anglaise) ...........Oui mais là où on peut gagner du pognon ............Vous me comprenez!

Ce film est contemplatif au début puis arrive le contact entre deux employés de la société tokioïde qui veut implanter un " glamping" au village de Takumi, père d' Hana, ce qui va provoquer la pollution des eaux de source , pures et naturelles, des environs ainsi que perturber les habitudes des cerfs des collines proches de ce beau village. Le rythme de cette œuvre cinématographique change dès que l ' action se situe à Tokyo pour revenir , plus émouvant , au village de manière étonnante et ce récit se conclut par un final des plus originalement poétique , écologique et énigmatique qui soit ! " Dans la vie tout ne s' explique pas" comme le narre Ryusûke Hamaguchi lors d' une récente interview à " Positif" notamment.

Les plans séquences, capturant la poussière de sciure mêlée à la brume, distillent une puissante poésie lors de magnifiques travellings astucieux qui jouent avec les rayons solaires près de la maison de Takumi qui maîtrise parfaitement une méthode pour fendre ,en une seule fois, de nombreuses bûches de bois qui jouxtent une forêt parfaitement filmée et qui nous fait ressentir la profondeur de cette forêt où le mal n' existe pas ...........Notons , au passage, la dialectique entre le titre de ce film et le projet du " glamping" qui perturbera cette nature et installera ce mal qui a pour nom le profit financier, boulimique et prédateur!

Notons que Ryusûke Hamaguchi utile les coupures abruptes de la bande son comme Jean Luc Godard dont il admire l' écriture cinématographique si particulière.

De mon point de vue, j ' ai rarement vu et ressenti une symbiose si intense et complémentaire entre les images créées par Ryusûke Hamaguchi et la pénétrante musique de Eiko Ishibachi ! Je tire mon chapeau à ces deux artistes et à leurs équipes respectives !

Voir et contempler une œuvre cinématographique requiert aussi une attention de pleine conscience face à un language cinématographique délicat, précis et sublime, ce qui est le cas dans ce film événement évidemment..........

Cette œuvre cinématographique nous habite longtemps une fois que nous sommes sortis de la salle de cinéma.
Ressentez-vous une imprégnation , subtile et durable , après votre vision de cette œuvre cinématographique ?

Bien à vous.

Gérard Michel

GérardMichel1
9
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le 11 sept. 2024

Modifiée

il y a 7 jours

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Gérard Michel

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