L' odyssée de Jackie et Clotaire

Bonjour tout le monde,

En premier, voici une citation :

De l ' amour fou à l' amour ouf il n ' y à qu' une affaire de miroir sur le mot " fou" ou une application du language "verlan " évidemment...........

Comment définir l' amour véritable ?Vous pouvez écrire un livre, chanter un texte ou créer une œuvre cinématographique, et cetera ........'

En notre époque d' amour flou, il est tonique de recevoir un tel film événement qui rend hommage au film West Side Story , sans revêtir Les conventions visuelles de la comédie musicale. " L" amour ouf " ne ressemble aucunement à une comédie musicale même si certaines scènes sont chorégraphiées et malgré une bande originale qui comporte des morceaux musicaux des années 1980 tel que :
- " Au pays des merveilles de Juliet" d "Yves Simon,
- "Child in time ' de Deep Purple,
- des titres du groupe The Cure, et cetera ............

Après " Le grand bain " , sorti en 2018, Gilles Lellouche confirme et devient un excellent réalisateur de film avec cette magnifique œuvre cinématographique atypique, dense, intense, prégnante et aboutie.
Les prestations des comédiens principaux sont absolument pénétrantes, passionnantes,justes, intenses, pertinentes, subtiles, crédibles, magiques, inspirées, et cetera.........

Dans un texte chanté , on peut entendre : "..........se tiennent par les yeux ........" ( " Orly" du génial Jacques Brel). Cette expression illustre avec intensité l" amour que vivent Jackie et Clotaire.

Maintenant, voici :
Un carré d' as :

Deux très jeunes comédiens, d' environ six ans chacun, incarnent Jackie et Clotaire ; mais cette époque du film est légitimement brève dans cette odyssée de vie de Jackie et Clotaire, Dix ans s' écoulent et on ne peut qu ' admirer la prestation de Mallory Wanecque ( Jackie) et de Malik Frikah( Clotaire), puis dix ans après , on ne peut qu' aduler la prestation d' Adèle Exarchopoulos( Jackie adulte ) et de François Civil( Clotaire adulte)! De surcroît, tout le casting est réussi et Alain Chabat campe étonnement bien le père compréhensif de Jackie. Avec de telles interprétations, il convient d' écrire autour de ces quatre artistes éblouissants, à savoir :

• Adèle Exarchopoulos : Âgée d' à peine trente ans, elle occupe une place majeure dans le cinéma français en étant , de surcroît , travailleuse et accessible,
• François Civil aussi à l ' aise en mousquetaire( film " Les Trois Mousquetaires : D ' Artagnan" puis "Les Trois Mousquetaires : Milady") qu' habitant le personnage d'un professeur de lycée ( film "'Pas de vague") et,ici, dans le rôle du loubard nommé Clotaire,
  -Mallory Wanecque qui éclate positivement comme Isabelle Huppert, Sandrine Bonnaire ou Juliette Binoche au même âge,
  Et
  -Malik Fritah qui est époustouflant dans le rôle de Clotaire grand adolescent " loubardisé" par la société et les circonstances sociales, familiales et personnelles.

Un nouvel atout de cette œuvre cinématographique, fulgurante et dense, consiste à pouvoir être perçue à plusieurs niveaux, à savoir :
- une histoire de vie terne et dangereuse,
-l' odyssée psychique d' un amour atypique sur dix ans,
- le point de vue de Jackie,
- la perception de Clotaire,
- le duo complexe entre Jackie et Clotaire,
- les" personnes" musicales liées aux musiques des années 1980,
- les arcs narratifs, étonnants et épurés, qui densifient le genre de ce film original et irréductible,
-l' épilogue fort justement inattendu,
-le prologue chorégraphié de manière non gratuite,
-un montage particulièrement habile ,
- un aspect social, sociologique et psychologiquement pertinent, et cetera .............

Je dois vous avouer, lectrice, lecteur, que ce film m' habite plus maintenant que juste au sortir de la salle de cinéma du Ariel Centre ville de Rueil -Malmaison. Pourquoi ? Il arrive que certaines œuvres cinématographiques prennent plus de place psychiquement au fil du temps .
Voilà une raison , résonnante et décoiffante , qui me conduit à penser que j' ai reçu et perçu un grand film atemporel et qui me marque positivement..........Tout en n' oblitérant point que je suis une personne humaine partielle et partuculièrement partiale ...........

Voici une réplique d' un film des années 1960:

"- Passe moi un mouchoir d’abord !
- Et ta manche à quoi qu’elle sert ?"
( Extrait du film :"West Side Story " de Robert Wise - 1961).

La genèse de ce film se situe, évidemment, dans le cerveau de Gilles Lellouche voici une bonne quinzaine d' années et de son désir de créer un film qui illustre totalement mais tout à fait autrement que le film de Robert Wise ou le remake de Steven Spielberg tout en gardant quelques bonnes " fondations " de ce film culte évidemment.........Si par un hasard positif , Gilles Lellouche me lit........... Merci de me faire savoir si je suis sur le bon chemin interprétatif de cette œuvre cinématographique, si mon exégèse est crédible ou obsolète.
Je sais que je ne suis pas un coryphée en cinéphilie mais suis - je un ' éveilleur' cinéphile pertinent ou un apprenti en pédanterie absconse et superfétatoire et sans grande imagination?

Changeons un peu de registre et signalons des scènes fulgurantes à méditer, à savoir :
- une magie visuelle et dansée du fantasme fusionnel commun de Jackie et Clotaire ( lorsqu ' ils sont âgés , chacun, de 17 ans environ),
-les moments sublimes des deux éclipses de Soleil , à dix années d' écart,
- deux plans séquences qui nous montrent les reflets tremblants et superbes de Clotaire et son pote par le biais d ' une flaque d'eau qui est , en somme, une métaphore de la vie de Clotaire et de sa bande,
- des courtes séquences en surimpression particulièrement signifiantes,
- un extrait de la chanson d' Yves Simon , " au pays des merveilles de Juliet" au moment ad hoc,
- idem pour un extrait du morceau magique de Deep Purple intitulé " Child in time",
- re - idem pour les morceaux musicaux de The Cure évidemment,
- la chorégraphie, sans chant , ,isolée et importante,
- le plan séquence d' amour conjugal entre Jackie et son mari dans un appartement avec lumière " intelligente" fort ironiquement comique,
-la scène sous la pluie où Jackie agit et réagit vivement face à son futur époux prétentieux et fade..........
- des séquences monochromatiques qui traduisent le mental des deux principaux protagonistes,

• le scénario , très écrit et précis , est illustré par une grande variété de position des caméras qui bonifie et confirme l' aphorisme de Jules Petit - Senn,
  -les différents actes de cette œuvre cinématographique illustrent la force émotionnelle du récit visuel et sonore,
  -la force douce et violente de cet amour hors du commun densifie nos
  perceptions affûtées par cet opéra transcendant,
  -les notes des musiques élèvent nos ressentis bienveillants pour Jackie et Clotaire,
• Jackie est une guerrière pacifique et volontaire et ,ici, voici , vivante, vibrante et palpitante un rôle féminin sublime et qui arrive à............Non !! Ne pas divulguer une bribe essentielle du récit ..............

On poursuit notre échange interactif !

" L ' amour ouf" deviendra - t - il un futur film classique ou culte? Il nous faut attendre et observer..............

“Nous sommes des loueurs de miroirs que nous offrons au public afin que ce dernier se contemple.”
( Citation de Michel Piccoli).

Ou encore :

“L’acteur est comme ces boules de verre avec de la neige à l’intérieur : il passe son temps à secouer ses émotions.”
( Citation de Gary Oldman).

On pourrait presque dire, ici écrire, que les citations et aphorismes " discutent " entre elles - mêmes :

Ainsi vit et pulse le fil d' or qui lie et relie les yeux de Jackie vers Clotaire et de Clotaire vers Jackie qui vivent cet amour "oufique", voire taoïste malgré les ................Mais Chut.

Voici un aphorisme de Jean - Luc Godard :

Jean - Luc Godard, parfois , faisait un " cut " vif dans ses films pour remettre le spectateur en meilleure réceptivité. Par deux fois , Gilles Lellouche et son équipe font cela ! Bravo les artistes !

Nouvel aphorisme :

"On ne rentre pas dans une scène, on crée une scène.”( citation de
Jonathan Cohen De Jonathan Cohen / Interview Le Figaro, 2023).

Créer une scène et donner la sensation qu' elle n ' a jamais été filmée auparavant, est en somme la quête de tout artiste de ce septième art .......J' en suis complètement convaincu et Gilles Lellouche y arrive parfois avec " L' amour ouf' comme jadis , complètement différemment Jacques Rivette avec son film " L' amour fou " ou Jean Eustache avec " La maman et la putain " ou Stanley Kubrick avec " Eyes wide shut" ou Jane Campion avec " La leçon de piano" , et cetera ..........''.

Voici une autre citation :

Pensez-vous que l' amour rare, fou donc ouf, de Clotaire et Jackie durera au sortir de la salle de cinéma où vous vîmes ce film généreux et net ?

Puis - je essayer de vous faire réfléchir ? Bon ..... Voilà ;

Ou bien ceci :

Cela vous fait penser à qui? A quoi ? Comment ou pourquoi ?

Bien à vous.

Gérard Michel