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Après un long et contemplatif travelling en contre plongé sur la cimes des arbres, Le Mal n’existe pas s’ouvre sur un homme tronçonnant et fendant du bois, puis collectant au puisoir l’eau d’une maigre source. A bord de son 4x4, il arrive ensuite à l’école de sa fille avant d’apprendre par son institutrice que celle-ci vient de partir en direction de la forêt. C’est à l’issue d’une marche au milieu de la dite forêt qu’il retrouve alors sa fille, incidemment et curieusement à nos yeux, alors que la caméra venait de le perdre une fraction de secondes derrière un talus. Dans cette première partie, Le Mal n’existe pas enlace ce paysage forestier, ce décor de petit village de campagne, les gestes que l’on devine routiniers de cet homme et la présence immuable de la forêt. De long plan, très peu de coupe au montage. C’est fluide. Survient une longue séquence dialoguée, en rupture totale avec le laconisme des précédentes, pour creuser semble t-il un début de chemin narratif : lors d’une réunion publique, deux communicants informent les habitants de l’imminence de la construction d’un glamping, contraction barbare de « glamour » et « camping ». Un projet touristique qui suscite l’inquiétude polie des autochtones, ces derniers signalant l’impact d’un tel site sur l’équilibre de cet environnement qu’ils se contentent d’occuper modestement et d’exploiter à la hauteur de leur maigre besoin. On comprend alors ce qu’entend illustrer avec sobriété Ryusuke Hamaguchi à travers cette histoire ; saisir l’interférence du mode de vie urbain dans l’harmonie mystique de la nature. Une idée qui s’éprouve à travers les actions des personnages autant qu’elle est formulée par le montage. Comme Drive my car, Le Mal n’existe pas comprend la place de l’homme dans le monde, ce que la fin viendra éclairer de façon sibylline dans un geste cinématographique d’une grande humilité.

2flicsamiami
8
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il y a 5 jours

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