Très belle surprise que ce Manoir des Fantasmes, réalisé par Don Sharp, artisan de série B britannique qui a notamment fait un remake des 39 Marches d'Alfred Hitchcock en 1978.
Sorti en 1974, le film brille par un côté anachronique. En effet, à cette époque, les productions horrifiques made in England sont passées de mode depuis la fin des années 60 et n'ont pas fait le poids face à des films comme "La Nuit des Morts-Vivants" ou encore "Massacre a la Tronçonneuse" (pour cité les meilleurs) alors bien plus en phase avec leur temps. La Hammer et Amicus ne retrouveront plus leurs lustres d'antan, mais Le Manoir des Fantasmes peut être vu comme un chant du cygne, tant il s'impose comme une réussite face au slasher américain, alors en vogue.
Pour résumer, Edward Foster hérite d'un manoir délabré que lui a légué son ami Andrew Marr, tout juste décédé. Ce dernier lui a également indiqué qu'il avait caché une petite fortune entre les murs des lieux. Foster va donc tenter de remettre à neuf la demeure, réputée hantée, et va s'acharner à chercher le magot. Mais d'autres personnes de son entourage vont aussi vouloir mettre la main dessus...
La grande réussite du film réside dans la monter progressive de la folie de son personnage principale, à travers des scènes où il va revivre des passages de la vie du précédent propriétaire du manoir. Donnant un côté émouvant et inattendu aux métrages, ses séquences s'insèrent parfaitement dans le montage du film, où passer et présent vont alors se mélanger. Créant une ambiance ambiguë, la question va alors se poser de savoir si Foster est fou où si l'endroit est vraiment hanté.
Le Manoir des Fantasmes bénéficie également de très beaux décors, jouant plus sur le gothique que sur le baroque. La distribution, elle aussi est excellente, avec une mention spéciale pour Robert Hardy et Jane Birkin tous deux très bons, sans oublier Christopher Lee bien sûr.
Cependant, le film pèche à développer et à rendre intéressant les personnages du docteur Mandeville ainsi que sa soeur Sarah et l'avocat Prescott, qui en dehors de leurs avidités n'ont pas grand-chose d'intéressant à nous offrir, par manque de caractérisation et de profondeur, même si les acteurs ne déméritent pas.
Sorti en Blu Ray chez ESC, Le Manoir des Fantasmes mérite largement la redécouverte et s'avère être une belle réussite pour ce qui constitue la queue de comète du cinéma d'épouvante britannique.