Jugé dépassé à son époque, le cinéma fantastique britannique des années 70 a pourtant continué à livrer un certain nombre d’œuvres plutôt sympathiques dans cette décennie. À commencer, notamment, par ce Manoir des fantasmes qui sillonne tout au long de son récit entre le thriller et l’épouvante. Pas question ici de cinéma gothique ou de monstres mais un goût toujours aussi vivace pour les maisons supposées hantées et les esprits torturés des vivants. Les amateurs de grands frissons seront évidemment déçus. Le film est davantage le portrait d’un homme névrosé qu’un récit fantastique à couper le souffle. Par ailleurs, l’ensemble est mené à un tout petit rythme afin de bien saisir les nuances de la folie qui s’empare du personnage principal. À ce titre, nombreux pourront considérer ce titre comme bien trop langoureux.
L’ensemble est pourtant extrêmement bien fichu à défaut d’être passionnant. Porté par un quatuor d’acteurs très solide, le film ne cesse de faire des va-et-vient entre les différents genres à la mode (thriller psychologique voire giallo avec, notamment, les figures des poupées cassées et le thème du trauma) et ceux qui ont fait la gloire du cinéma fantastique de la Hammer. Le réalisateur Don Sharp en est d’ailleurs un des représentants. Si l’ensemble est austère, on retrouve cependant une certaine rigueur qui permet de faire clairement avancer l’intrigue efficacement. Le scénario, en revanche, n’est pas exempt de défauts et on peine à vraiment bien comprendre où prend fin la machination et où commence le fantastique. Cette zone grise ne s’éclaircit véritablement jamais surtout qu’une dernière révélation jette un trouble supplémentaire sur l’histoire. C’est dommage.
On appréciera, en revanche, la façon dont le film sonde l’instabilité de son personnage principal. Entre visions qui relient le passé au présent, scènes qui associent réel et imaginaire, et récit qui marche sur le fil du bon sens et de la folie, Don Sharp ficelle son affaire avec intelligence et livre un film de série tout à fait convenable. Ce n’est pas franchement palpitant, ça sent vraiment la fin d’une époque et un produit conçu avec peu de moyens, mais le film a des arguments et se regarde très agréablement.