« L'héritier d'un meurtrier est possédé par l'esprit de celui-ci : investissant le manoir familial, d'étranges visions, lourdes de menaces, commencent très vite à le hanter. En parallèle, quelques membres du voisinage, visiblement intéressés, mettent tout en œuvre pour attirer son amitié. D'abord courtois et indécis, le héros se prête au jeu, mais comme happé par le passé qui resurgit, il ne tarde pas à perdre pied, voire à sombrer dangereusement dans la démence... »
Le manoir des fantasmes, titre français qui n’est pas si mal trouvé car même s’il fait miroiter un côté érotique (totalement absent dans le film) il correspond assez bien à ce qui se passe dans ce manoir. Le film a tout l’air d’une production Hammer ou Amicus mais il est en fait l’unique production d’un producteur indépendant, James Hannah Jr, dont on ne sait pas grand-chose. Tout ce que l’on peut dire c’est qu’il a réussi à avoir un casting trois étoiles.
Le scénario mélange habilement le film de machination et le film de maison hantée en y ajoutant la possibilité de la folie du personnage principal. Tout cela produit une atmosphère assez trouble qui est plutôt réussie et à laquelle participe la relation assez curieuse et malsaine entre le docteur Mandeville (Christopher Lee) et sa sœur (Joan Collins).
Malheureusement il y a tout de même des facilités et des faiblesses scénaristiques. La ressemblance entre Edward et Andrew, tout au moins avec le portrait d’Andrew, n’est jamais explicitée.
Attention la suite de ma critique dévoile le twist final !
Le twist final, Édouard serait en fait un pensionnaire de l’asile, est un peu tiré par les cheveux car si on regarde le début du film il semble bien Edward soit un employé de l’asile vu la façon dont les choses se passent, mais cela reste néanmoins dans le domaine du possible. Cela ne résout pas par ailleurs la question de la ressemblance. Cela ouvre la possibilité que le manoir ne soit pas hanté et que tout se passe dans la tête d’Edward mais cela est contredit par le déplacement de la veste qui reste totalement inexpliqué.
Mais le film, assez désuet déjà à l’époque de sa sortie, possède un classicisme au charme indéniable et l’interprétation de Robert Hardy dans un double rôle est tout à fait convaincante. Et Jane Birkin, comme toujours, ne manque pas de charme.
Le film est disponible dans une très belle édition chez ESC accompagnée de plusieurs bonus intéressants dont une analyse assez passionnante de Nicolas Stanzick.