Echec à sa sortie en salles mais considéré comme le film de référence sur le milieu de la course automobile, "Le Mans" aura permit au comédien Steve McQueen d'assouvir sa passion, ou du moins en partie, la star étant doublée dans certaines séquences par le pilote Joseph Siffert pour des questions d'assurance.
Abandonné par John Sturges avant d'être repris par Lee H. Katzin (épaulé par Jack Reddish et Herbert Linge), "Le Mans" étonne dans un premier temps par son épure narrative, par le peu de dialogues débités, ses personnages évoluant dans l'action et non dans le verbiage pompeux. Là où n'importe quel film du même genre de ces trente dernières années se vautrerai dans le pathos, prendrai trois bons quarts d'heure pour nous décrire le trauma du héros, celui-ci plie l'accident inaugural en cinq minutes fortes et pose des enjeux immédiatement identifiables.
Loin de toute approche conventionnelle, "Le Mans" se pare également d'une mise en scène étonnante, presque expérimentale, nous plongeant avec un mélange de réalisme et d'étrangeté dans un milieu bruyant, dangereux, mais aussi et surtout fascinant, offrant des séquences extrêmement spectaculaires comptant parmi les meilleures jamais filmées.
Malheureusement, ces images ont un prix, et le tournage sera le théâtre de nombreux incidents. Le pilote Derek Bell sera brûlé au visage et aux mains, David Piper perdra sa jambe droite (le film est d'ailleurs dédié à son "sacrifice"), et Steve McQueen frôlera la mort. Un McQueen d'ailleurs au sommet de son magnétisme, jamais meilleur que quand il la ferme.
Plus proche du reportage que de la success-story, "Le Mans" risque de laisser froid les spectateurs peu friands de courses automobiles mais reste sans aucun doute le meilleur film de fiction sur le sujet, et une oeuvre atypique dans sa conception des plus chaotiques.