Le samedi 11 juin 1955, la course des 24 heures du Mans fut endeuillée par un terrible accident qui coûta la vie au pilote français Pierre Levegh (Mercedes), sur un total de 204 victimes (le film en annonce 200). Ce drame reste le plus meurtrier de l’histoire de la course automobile et il a marqué les esprits. Ainsi, le constructeur Mercedes ne revint au Mans qu’en 1998 (et en formule 1 en 2010).
Le film ne se focalise absolument pas sur l’accident dont il fut longtemps difficile de reconstituer le fil exact. Ce choix permet de contourner l’aspect morbide pour se concentrer sur l’aspect humain. Il présente néanmoins l’inconvénient de minimiser l’événement, puisqu’on ignore l’ampleur du drame jusqu’aux dernières images où quelques lignes de texte apportent des informations chiffrées. De l’accident, on ne voit que des traces de feu vues du stand Mercedes, puis la carcasse d’une voiture et une victime qu’on recouvre d’un drap.
Chez Mercedes, on voit d’abord le manager briefer son équipe avant la course. Le team engage deux équipages (l’américain John Fitch associé au français Pierre Levegh et le duo vedette constitué de l’argentin Juan Manuel Fangio et du britannique Stirling Moss). Mercedes fait partie des constructeurs engageant des voitures puissantes, candidates à la victoire. Ainsi, après l’accident (et le choc de la prise de conscience de la funeste implication de l’équipe), la question se pose : faut-il continuer ? Il faudra du temps avant que la décision soit prise (alors que la course ne sera même pas stoppée momentanément)…
Le choix de l’animation pour un tel sujet se montre judicieux, car l’association d’une certaine stylisation du dessin avec des couleurs de types pastel (nette dominante bleue), apporte la distanciation par rapport à la réalité. Cela permet aux concepteurs de donner libre cours à leur inspiration vis-à-vis de tout ce qui fascine dans ce milieu de la course automobile : les lignes des bolides, le lieu déjà mythique avec par exemple l’affichage permettant de connaître en temps réel les positions des équipages, mais aussi le départ typique qui voit les pilotes courir au signal vers leur voiture positionnée en face d’eux sur la piste, la reconstitution d’époque impeccable (panneaux publicitaires), l’ambiance dans une équipe postulante à la victoire avec ses choix tactiques, etc. C’est donc bien la fête populaire du sport automobile que cet accident est venu briser.
Avec une animation de qualité, mais sans recherche du tape-à-l’œil, ce court métrage (15 minutes), signé Quentin Baillieux, nous fait vibrer pour la course automobile et nous plonge au cœur de l’écurie Mercedes au moment du drame.