Ce type de polar à la gloire d'une star française (il en restait peu en 1983) faisait suite à une série de films très commerciaux comme Flic ou voyou, le Professionnel, le Guignolo (le moins réussi de la série) et L'As des as... et chacun y mettait du sien pour mettre en valeur notre Bébel national. Jacques Deray remet le couvert en retrouvant à la fois la dureté du Professionnel et la légèreté de Flic ou voyou, en menant son film à 100 à l'heure. C'est ce que le public aime, voir Belmondo en poulet de choc, l'oeil goguenard, la démarche chaloupée et aimant assez le style cowboy.
Ce genre de film comporte aussi un défaut : depuis la fin des années 70, Belmondo apporte toujours "son personnage", avec des rôles écrits pour lui, sur des idées choisies par lui, entouré d'une équipe de fidèles (Deray, Lautner ou Verneuil à la réal, son chef de publicité René Château, la musique de Morricone et une bande de potes acteurs comme ici Vernier, Brosset ou Roger Dumas). Prenez Flic ou voyou, le Professionnel ou le Solitaire, changez 2 ou 3 trucs, et vous avez toujours la même recette, c'est à dire un produit calibré, bourré de bons mots, de pirouettes belmondesques, de bagarres et d'action, avec un scénario quelque peu approximatif ; tout n'existe que par Belmondo.
Mais après tout on s'en fout, ça fait hurler les intellos et ça réjouit le public qui a envie de se détendre, tant mieux ! on ne va pas voir un scénario, on va voir un Belmondo. Surtout qu'ici, il a rameuté Henry Silva qui joue le grand méchant de l'histoire, l'une des plus "sales" gueules du cinéma américain, profitons-en ! On y trouvera aussi quelques réflexions aigre-douces assez savoureuses sur les diplomates turcs, les restaurateurs chinois, les musiciens antillais, voire même les gens du Quai d'Orsay pour qui, selon le commissaire Bébel, c'est une vraie tradition de baisser son froc... mais comme il le dit : l'essentiel c'est que la vertu triomphe.