En 1983, Jacques Deray réalise un film autour de Jean-Paul Belmondo. Le cahier des charges comprend des dialogues d'Audiard, des cascades, des bagnoles, de l'action, un rôle de flic dans lequel Belmondo doit sortir des clous pour faire triompher la vertu. A la fin, on a bien ce qu'on a commandé
Mieux, on a un Belmondo au mieux de sa forme qui saute d'un hélicoptère sur un bateau, fait des roulé-boulé sur , sous et à côté des voitures roulant à grande vitesse sur l'autoroute, poursuit à pied un malfrat qu'il finit par épingler, fait une bagarre dans un bistrot et fait une poursuite en voiture blindée.
Au fait, le scénario ? Oui, ben, c'est simple. Belmondo, un commissaire divisionnaire, se lance à la poursuite d'un truand, Mecacci, qui est le grossium de la drogue en France et n'a qu'un objectif, le trouver pour lui faire – définitivement – sa fête. Bon d'accord, c'est pas si simple car il semble influent, le bougre. Comme le divisionnaire a tendance à être border line (il travaille en solo, il flingue d'abord et cause ensuite), il est muté disciplinairement dans un obscur commissariat d'un quartier pourri de Paris car le film donne l'impression qu'en haut lieu il est devenu indispensable de l'éloigner du fameux Mecacci …
Et devinez sur qui va-t-il encore tomber dans le quartier pourri de Paris ? Trop facile : Mecacci ! De deux choses l'une, ou Belmondo a le cul bordé de nouilles ou la hiérarchie s'est complètement plantée car aurait dû muter Belmondo au fin fond d'une sous-préfecture de la Creuse ou de la Meuse.
Et bien justement c'est là que le bât blesse. Le scénario évoque plusieurs pistes mais n'en approfondit aucune. Par exemple quand je dis plus haut dans ma description du scénario que "le film donne l'impression qu'en haut lieu …", eh bien, je comprends un sous-entendu comme quoi il convient d'éloigner Belmondo parce que trop gênant dans les affaires des truands comme celles des grands chefs. En fait c'est une piste qui ne sera jamais considérée. Et le film est émaillé de scènes de ce type -là qu'il aurait été intéressant d'approfondir. Comme aussi, par exemple, Carlos Sotto-Mayor : l'entrée en scène est plutôt percutante et excellente (très bon Roger Dumas) ; on sent qu'elle va jouer un rôle important dans l'enquête (infiltration, indic, manipulation, que sais-je) : que nenni ! elle sera tout juste bonne à jouer les potiches avec sa plastique sexy …
De même, le personnage joué par Tcheky Karyo, ami d'enfance de Belmondo qui a un peu mal tourné. L'entrée en scène est encore très bonne. On finit par se demander s'il n'ya aurait pas du Mecacci dans sa bonne fortune et bingo, c'est le cas. Là on se dit c'est sûr, v'là un allié de Belmondo dans sa croisade. Que nenni, il se fait flinguer comme un grand (on ne saura pas trop au juste pourquoi). A quoi aura-t-il servi dans le film à part fournir une voiture blindée à Belmondo, qu'en enfant gâté, Belmondo va casser à l'issue d'une interminable poursuite ?…
Et en conclusion, c'est bien ce que je reproche à ce film. A trop avoir voulu tout centrer sur Belmondo, on a complètement négligé que les seconds rôles pouvaient sérieusement étoffer et crédibiliser l'intrigue.
Tout se passe comme si l'unique but affiché était juste un divertissement avec des cascades et des poursuites, les seconds rôles servant de faire-valoir. La violence est très édulcorée. Oui, ce doit être ça : un divertissement accessible à tous publics …
Il ne faut rien exagérer, "le marginal" se regarde même si ce n'est pas palpitant et complètement prévisible. C'est même très reposant pour les neurones du spectateur.
Je vais mettre une note à 5 (je dois prévoir une note plus basse pour la critique de "le solitaire" qui va venir …)