Un homme rencontre dans un couvent une femme atteinte d'hypertrichose, à savoir une pilosité excessive. Il va en tirer profit en voulant l'exploiter dans diverses foires, comme une bête de scène, afin de gagner de l'argent sur son dos. Mais, lassée d'être ainsi utilisée, cette femme, jouée par Annie Girardot, décide de tout plaquer, jusqu'à ce qu'il se décide de l'épouser, surtout par intérêt.
Sous ce titre assez intriguant se cache non seulement un film fort, mais à la fort cruel, voire méchant, selon l'angle qu'on le regarde, voire même empathique. Ces différents adjectifs s'expliquent parce qu'à cause du scandale crée à sa sortie, il a eu pas moins de trois fins tournées, qui vont de celle où tout se finit bien, ou dramatique, jusqu'à une conclusion d'une grande cruauté, complètement immorale même. Et j'aime le fait que Marco Ferreri, au lieu de s'excuser, montre à quel point le personnage que joue Ugo Tognazzi peut être un véritable salaud, sans trop l'expliquer.
Car le film assume parfaitement sa part d'étrangeté, mais aussi de réussite, notamment avec le personnage que joue Annie Girardot, qu'on reconnait malgré le maquillage réussi qui la fait ressembler une création entre la femme et l'animal, et si elle s'engage au départ pour faire de la scène, comme un phénomène de foire, c'est plus par gratitude envers cet homme. Jusqu'à ce que son caractère s'affirme, et qu'elle va vouloir son indépendance. Ugo Tognazzi joue un rôle assez risqué, le montrant veule, voire lâche pour son propre compte, jusqu'au pire selon la fin qu'on regarde.
Dans le fond, je ne suis pas surpris du tollé provoqué par Le mari de la femme à barbe, mais il porte déjà les germes du scandale qu'affectionnera tant Marco Ferreri dans le futur.