La scène introductive est un délice d’inventivité et d’intelligence tant elle réussit à rendre compte en quelques minutes la vie du personnage principal grâce à une métaphore en images bien sentie. A travers sa course effrénée dans les rues de Valence à la faveur d’un marathon où elle fuit tous ses proches qui l’encouragent, on comprend bien que cette course à pied rêvée par Rosa (à la limite du cauchemar) représente la course perpétuelle dans sa vie personnelle à aider les autres en s’oubliant elle-même. On apprend donc à connaître ce personnage terriblement attachant au moment où elle dit stop et décide de se consacrer à elle-même. Les vingt premières minutes sont à l’avenant et montre de manière précise, affutée et concise comment son entourage phagocyte son énergie et son temps. « Le mariage de Rosa » démarre donc sous les meilleurs auspices.
Mais, malheureusement, le long-métrage ne va pas tenir toutes ses promesses. L’actrice Candela Pena porte le film sur ses épaules par son énergie contagieuse et sa détermination et elle est bien épaulée par des seconds rôles attachants et plutôt bien croqués. Mais la mise en scène trop illustrative et classique d’Iciar Bollain ne leur rend pas toujours grâce. En effet, il se contente d’illustrer platement son histoire et seule le prologue et la scène finale, un moment de liesse, solaire et plein de joie, relèvent un peu la banalité visuelle du film. On est en plein feel-good movie mélangé à une comédie introspective et si les bonnes intentions sont là, le résultat est quelque peu mitigé car « Le mariage de Rosa » finit par tourner en rond.
Les pérégrinations de Rosa et ses hésitations ne sont pas toujours bien retranscrites et son besoin d’émancipation est palpable mais finit par devenir un enjeu redondant et stérile. Plus le film avance, plus il sombre dans la redite et les réactions et positions des différents personnages deviennent un peu trop brusques. Comme si le réalisateur ne savait plus comment faire avancer son scénario et vers la fin on en vient à se désintéresser du sort du personnage principal. Il y a quelques séquences caustiques et amusantes mais aussi beaucoup de scènes inutiles ou répétitives. Le dilemme de Rosa avec sa fille nous apparaît d’ailleurs un peu poussif et peu crédible. En somme, un petit film anecdotique qui nous procure quelques bons moments mais ne restera pas dans les annales, la faute à un script qui ne se renouvelle pas et une image trop sage.
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