Parce que c'est une production anglaise, le rapprochement souterrain entre le roman de Mishima adapté ici et "Le seigneur des mouches" est évident. Comme s'ils partageaient un fonds culturel commun... Ce qui n'est pas si tiré par les cheveux. Deux îles qui ont nourri des ambitions impérialistes démesurées. Des enfants qui expriment ouvertement les valeurs de leur société aristocratique, sans le vernis hypocrite des adultes.
Le film est assez malsain (complexe d'Oedipe très poussé avec voyeurisme, comportements psychopathes à base de vivisection d'animal poilu qui fait miaou), mais surtout dénué de mise en scène ou de point de vue, alternant les passages avec les sales gosses à la mentalité pourrie et les mièvres amours de la maman et du marin. L'esprit est donc fidèle à Mishima, au point que si le casting est parfait, car les garçons ont de vraies têtes à claques, leur soumission à un "chef" puant est posée comme une évidence dès le début, et comme c'est également souvent le cas dans les représentations d'enfants criminels, aucune explication n'est donnée à leur comportement ; ce qui crée une certaine indifférence (voire un agacement) devant le déroulement de l'action lorsqu'ils sont les personnages principaux. Un peu de tension apparaît ver la fin, lorsqu'un autre personnage est mis en danger - mais il n'y a pas véritablement de suspense. Ce genre de film est bien de son époque, et sans être réussi il demeure une curiosité. La photo de Douglas Slocombe est pas mal, il y a quelques rares jolis plans de bord de mer.
En fait ça aurait pu être un bon film, avec un réalisateur aux manettes ; mais tel quel c'est trop plat, sans inspiration. Et puis je pourrais dire ça de beaucoup d'oeuvres.
Pour ceux qui veulent voir Sarah Miles en tenue d'Eve (et des scènes répétitives topless).