Avec ses airs théâtraux, son ton dénonciateur et sa mise en scène pointue d'une politique microscopique et restreinte à la haute bourgeoisie et l'Église, ce film a tout d'une farce. Et Sordi va se charger de bien l'enfoncer dans le style qu'elle se détermine, avec ses avantages et ses inconvénients ; c'est assez drôle, mais très fatigant, et le rythme ainsi que la densité des dialogues font jaillir un peu de tout... un peu de partout. Comme c'est une farce, on rit du grotesque, mais ce dernier peut tout aussi bien prendre des airs de bouffonade ahurie que de pamphlet cocasse. En gros, Monicelli met trois couches de beurre sur sa tartine pour être sûr qu'elle sera bien beurrée, mais le spectateur se prend le surplus sur la tête.
Le personnage de Sordi tient aussi de la farce : pris pour un charbonnier, sermonné par nul autre que le pape, uriné dessus... il se fout de tout, et jamais ne s'énerve. Il est un fantasme d'opulence, ni généreux ni avare, ni humaniste ni cruel envers ses gens, ni bon ni mauvais, ni sycophante ni panégyriste d'une religion pour laquelle il exprime pourtant l'anticléricalisme évident de la dérision. Et cette ligne de conduite est aussi habile qu'elle sous-tend l'histoire d'une alaise de malaise ; amateurisme, tourne-autour-du-potisme ? Déjà qu'on a du mal à suivre, on aura du mal à s'accrocher, n'en déplaise à la post-synchronisation potable mais détestablement monotone de cette œuvre assez longue.
Tout comme le script prévoit que l'on saute d'un lieu à l'autre avec l'enthousiasme dont ferait preuve un metteur en scène de théâtre lors de son premier tournage en extérieur, l'on se retrouve à être balladé entre admiration et ennui d'une manière qui promet, un peu dommageablement, que le création soit oubliable.