Le charisme de Morgan Freeman au service d’un thriller assez étonnant. "Le masque de l’araignée" a bien des arguments pour être immersif. La mise en place est soignée, et la saynète visant à définir la psychologie du personnage principal est efficace quoiqu’un peu trop sommaire et ce malgré des effets visuels sur l'accident quelque peu ratés, pour ne pas dire hideux. La musique accompagnant l’intrigue est très correcte sans toutefois laisser un souvenir impérissable, et le scénario ne tombe jamais vraiment dans la facilité, tout du moins dans le déroulement de l’histoire. Au contraire, il aménage des rebondissements plutôt inattendus, je dirai même TRES inattendus.
Un film qui réserve de sacrées surprises, c’est plaisant en soi. Mais ces coups de théâtre ont tendance à désarçonner plus ou moins le spectateur car la transition n’est pas suffisamment précise, et leur mise en œuvre reste assez floue.
Exemple :
En effet, on s’interroge comment les ravisseurs n°2 ont pu retrouver le ravisseur n°1, enlever son moyen de pression avec autant de facilité. Bon, on a bien compris qu’ils l’observaient depuis longtemps, mais comment savoir que cet homme va passer à l’action un jour, à supposer qu’il le fasse un jour ?
En cela, on manque cruellement d’indices pour y donner un véritable sens.
Sans être exceptionnel dans son ensemble, il n’empêche que "Le masque de l’araignée" porte une enquête qui réussit à distraire efficacement le spectateur durant une centaine de minutes pour lui faire passer une bonne soirée, grâce à un suspense plutôt bien aménagé, dopé par une mise en scène nerveuse, tout en aménageant ici et là des petites scènes de tension, un peu trop rares à mon goût. D’autant plus que Morgan Freeman est plus en forme que jamais, on a l’impression de revoir à la fois l’abnégation et la sagesse qui caractérisaient son personnage dans "Seven", dans une attitude invariablement posée et réfléchie.
Pour autant, "Le masque de l’araignée" n’est pas aussi réussi que "Seven", loin de là, et il n’a même rien à voir du tout. Mais là aussi Freeman bénéficie d’une belle opposition de style en la personne de Monica Potter, nullement impressionnée par l’aura de l’acteur noir.
Mais avant tout on regrette presque que le ravisseur n°1 (superbe Michael Wincott) n’ait pas pu aller jusqu’au bout, laissant le spectateur un peu sur sa faim. Jusqu’où aurait-il été capable d’aller ? On ne le saura jamais…