Le Massacre de Fort Apache est le premier des 3 westerns constituant le cycle de la cavalerie US dans l'oeuvre de John Ford. Moins réussi que la Charge héroïque qui contenait une forte dose émotionnelle, c'est quand même l'un des meilleurs de Ford, il se réfère en grande partie à l'histoire véridique du général Custer qui trouva la mort à la bataille de Little Big Horn, la plus grande défaite de l'armée américaine des guerres indiennes. Mais attention, ça n'en est pas le récit fidèle, c'est un récit fictif qui s'inspire de cet événement et de ce personnage.
En effet, Ford fustige sans ambiguïté l'attitude d'une ganache d'officier raciste et mégalomane qui symbolise la paranoïa militaire en général et celle de Custer en particulier. Cet officier buté, rigide et antipathique est magnifiquement incarné par Henry Fonda qui trouve là un contre-emploi ingrat, il s'oppose à l'idéalisme de l'officier incarné par John Wayne qui symbolise celui du réalisateur.
A une époque où le western considérait trop souvent l'Indien comme un ennemi à éliminer, Ford dénonce ici avec un peu moins de force que dans la Prisonnière du désert l'horreur des guerres indiennes et l'inconscience criminelle de certains officiers, bien que la critique d'un certain militarisme soit assez vigoureuse. Malgré ces thèmes traités par le réalisateur, il reste de la place pour une étude minutieuse de la vie d'un fort, pour une traditionnelle intrigue amoureuse artificielle, et la présence de soldats au grand coeur, généralement Irlandais et braillards symbolisés par l'incontournable Victor McLaglen en sergent Quincannon. D'autres acteurs fordiens entourent Shirley Temple qui avait bien grandi et se révélait délicieuse, tels que Ward Bond, John Agar, Pedro Armendariz ou George O'Brien... tandis que Wayne arbitre les conflits de sa force tranquille. Un western lyrique, plein de panache et de vigueur.