Son gros dard n'a pas su piquer mon intérêt (c'est une métaphore subtile pour dire bite)
Je me dois de faire une concession à Godard : il ne s'encombre pas de compromis. Il fait le cinéma qui lui plaît, froid et sans âme, il s'en fout visiblement des conventions, et du public. Mieux, il s'autorise le snobisme, la prétention.
Ça ne rend pas son œuvre plus intéressante ni moins détestable, mais on doit au moins lui reconnaître l'honnêteté intellectuelle de chier sur la pellicule puis de cracher à la face du monde, qui ne se prive pas de s'extasier devant tant d'audace.
Bousculer l'ordre établi pour instaurer le sien, sa Nouvelle Vague, voilà qui témoigne certes d'un ego bien nourri.
Cette suffisance, elle transparaît dans les thèmes et leur traitement. Entendre parler de l'Amour avec une telle distance, faire appel à la tragédie grecque en une métaphore dénuée de toute subtilité et de la moindre trace d'humilité, le tout sous le martèlement implacable du thème principal, seriné jusqu'à la nausée, ses accents de musique classique n'adoucissant en rien la vacuité du propos. Tout cela dessine un portrait peu flatteur, et donne une idée assez nette de la personnalité du bonhomme.
La pédagogie nécessite souvent la répétition. Se voulant parfaitement anti-didactique, le récit de Godard tourne en dérision ce principe simple, le déformant jusqu'à en faire une arme d'abrutissement et contraignant le spectateur à toucher du doigt l'infinie étendue de son ennui.
Les textes faussement philosophiques, la langueur monotone, le jeu robotique des acteurs, le flou artistique et le méta entre le film et le tournage du film, tout contribue à ce but unique : rendre indigeste un scénario rachitique, réussir à ce qu'un discours boursouflé se retrouve engoncé dans le costume mal taillé d'un cinéma pseudo-intellectuel, à l'esprit étroit et aux gimmicks pathétiques.
Ne vous y trompez pas, Le mépris a soulevé chez moi de nombreuses interrogations.
Comment tracer une ligne entre l'incompétence et le génie, quand un réalisateur se permet de ne pas étalonner la bande sonore de son film ?
Pourquoi placer la barre si haut dans l'absurdité des effets de style, par exemple en rendant inaudibles certains dialogues puis en coupant soudainement la musique pour souligner les textes les plus inutiles et les plus absconds ?
Quel niveau de masochisme a-t-il fallu pour m'auto-infliger deux "perles" du cinéma français dans la même après-midi ? Corollaire : quel niveau de masochisme a-t-il pu pousser les organisateurs de Cannes à inviter le Jean-Luc qui les insulte par son attitude depuis des décennies ?
À partir de combien de films puis-je officiellement déclarer mon désintérêt total pour Godard ?
À cette dernière question, ayant maintenant vu ce qu'on présente comme ses trois meilleurs, je pense avoir un début de réponse.