Si "Go tell the Spartans" n'y fait jamais directement allusion, je n'ai pu m'empêcher d'y penser. Le 2 et le 4 août de cette pré-charnelle année 1964, "l'incident du golfe du Tonkin" (https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Incidents_du_golfe_du_Tonkin) provoque l'entrée en lice des troupes américaines sur le touffu territoire vietnamien, sans que les joutes ne furent jamais officielles. Ce n'est qu'en 1998, que de vaillants américains, encore en verve après le retour de bâton que fut le baby boom, furent reconnus "victimes" pour avoir succombé dès 1955 aux opiniâtres assaults Viet-congs. Pour des raisons de coin de bureau certainement, et ce bien avant l'injection massive de troupes dans cette partie originelle du monde.


Quoiqu'il en soit, des films que j'ai vus sur le sujet, LE MERDIER, est le premier qui fait du choix de cette date tout le fatty dick. Le scandé " ce n'est pas notre guerre, c'est la leur" pointe à dessein la période.
Sorte de rengaine, aussi, qu'aurait pu reprendre en coeur le panégyrique du non-interventionisme américain, en l'occurrence déjà bien en berne alors que cette fois (et d'autres) de bon aloi. Ce non interventionisme, qui prend ses racines au moins à la première guerre mondiale, est, vu d'ici, souvent présenté comme un quant à soi assez proche d'un conservatisme americain, depuis bien plus prompt à opiner du chef au premier garde à vous. Rétropédalage et coucouche panier le gourdin, ses ultimes ramifications nous titillent jusque dans l'"America First" du Trump, poing levé s'entend.


De façon plus terrienne, boueuse même, ce refrain exprime tout simplement l'impéritie que certains ressentent à aller bouter le communisme du trou perdu.
Faut-il voir dans cette dernière et primaire acception du mantra la tentation pour "Go Tell The Spartan" de s'attacher un mutuel consentement d'anti-imperialistes chevelus et barbus cool, dans un élan de syncrétisme optimiste et maladroit ? Peut-être. La tiédeur d'une telle position semble seoir à l'auteur du film : il pourrait ridiculiser les motivations patriotiques, héroïques, arrivistes, voire "touristiques" des nouvelles recrues qui débarquent pour defourailler dans ce merdier. S'il les moque bien un peu, c'est somme toute de façon guillerette. Non, le parti pris, à force de plus petit commun dénominateur, s'avère minimal. Il se résume en guise de climax à un "je rentre à la maison, si on veut bien de moi", ponctué finalement d'un gros et signifiant "1964", qui, lui, fera plus tâche dans les annales en un hommage précoce à la gauloiserie du titre franchouillé.


Petite mention, sinon spéciale dumoins bienveillante, à la musique qui mêle de façon discrète instruments (j'ai cru reconnaître du gamelan) et petits arrangements asiatiques aux traditionnels roulements de tambour du gras gars. Bon, ce n'est pas Furyo, loin de là, mais digne de la cravate du notable.


On pourrait se dire que ça manque de pathos, mais comme le cinéma hollywoodien en dégorge tellement d'habitude, je vois presque comme une qualité cette appréciable abstinence.

Kinovor-Cinefaj
7
Écrit par

Créée

le 20 nov. 2021

Critique lue 93 fois

2 j'aime

Kinovor-Cinefaj

Écrit par

Critique lue 93 fois

2

D'autres avis sur Le Merdier

Le Merdier
Ugly
6

Ca ne peut pas arriver aux Américains !

Cette phrase entendue 2 ou 3 fois dans le film par des gradés prétentieux qui minimisent le rôle des Français dans la guerre d'Indochine, situe tout de suite le ton donné par le réalisateur : on est...

Par

le 6 févr. 2019

15 j'aime

6

Le Merdier
Kinovor-Cinefaj
7

64, année fatidique

Si "Go tell the Spartans" n'y fait jamais directement allusion, je n'ai pu m'empêcher d'y penser. Le 2 et le 4 août de cette pré-charnelle année 1964, "l'incident du golfe du Tonkin"...

le 20 nov. 2021

2 j'aime

Le Merdier
troglo78
8

Dans la m.... jusqu'au bout

1964, Vietnam, quelque part au sud du 17e parallèle... Un village anticommuniste et sa garnison, soutenus par un groupe de conseillers militaires U.S., sous la menace de l'offensive vietcong: il...

le 5 févr. 2017

2 j'aime

Du même critique

La Colonie
Kinovor-Cinefaj
8

Elite delitée

Pour plusieurs raisons, je trouve certaines similitudes entre Tides et Settlers dont j'ai pondu une critique ici même. Le scénar post-apocalyptique, bien sûr. Des décors naturels forts, ensuite. Une...

le 23 juil. 2021

5 j'aime

1

OVNI(s)
Kinovor-Cinefaj
2

SF en VO, style PQ.

Pourquoi faut-il que la comédie s'invite par tous interstices dès lors que la production est française ? Pourquoi tenter de faire marrer à chaque réplique, surtout si c'est pour se planter...

le 31 juil. 2021

4 j'aime

2

Major Grom : Le Docteur de Peste
Kinovor-Cinefaj
4

De peste ou de choléra

Pour commencer, qu'est-ce que ce "de" fait là, dans "le docteur de peste"? Docteur Peste tout court semble tellement évident. C'est d'ailleurs comme ça qu'il est nommé par tous les protagonistes. Je...

le 27 juil. 2021

4 j'aime