L'action se déroule dans le Sud Vietnam en 1964. Le Major Barker, interprété par Burt Lancaster, dirige une équipe de conseillers militaires américains. Il reçoit pour mission d'occuper le village de Muc Wa. En s'éloignant quelque peu, on découvre un monument édifié par les grecs à Léonidas et ses 300 héros de la bataille des thermopyles. "Passant, va dire à Sparte que nous sommes morts ici pour obéir à ses lois." Lorsque l'on franchit ce monument, on découvre les tombes d'environ 300 soldats français morts lors de la guerre d'Indochine. Et une partie de ce film va se dérouler à côté de ce "cimetière". On pourrait croire que les signes d'une tragédie antérieure éveillerait les consciences de l'Etat-Major mais non. Les officiers supérieurs resteront plein d'arrogance, ignorant le message de l'histoire récente. "Ça n'arrivera pas aux Américains". Cette belle assurance va se heurter très vite à la dure réalité.
"Ceux qui ne se soucient pas du passé sont condamnés à le revivre." (George Santayana).
Face aux rebelles vietcongs, des militaires et des travailleurs civils vietnamiens auxquels s'ajoutent de nouvelles recrues américaines essaient de faire face à leurs adversaires mais cela semble bien dérisoire. On sous estime la menace, on parle avec une arrogance déplacée des prédécesseurs français et de leurs supplétifs pourtant très expérimentés. On retrouve toujours des technocrates qui expliquent, bien à l'abri derrière leurs bureaux, comment se comporter sur le terrain. Face à une situation qui commence à les dépasser, les hommes réagissent différemment : le Capitaine Olivetti, l'opportuniste, qui passe son temps à mâcher du chewing-gum, très hautain, ne pensant qu'à sa future décoration qui lui permettrait d'accéder aux étoiles de Général. Un Lieutenant, fervent patriote et fraîchement débarqué, sacrifiera sa vie pour ramener un soldat qu'il croit blessé mais qui est malheureusement mort. D'autres soldats vont se réfugier dans la drogue pour supporter toutes les atrocités de la guerre, certains feront preuve de racisme, perdus dans un univers qui leur est étranger, ne sachant plus qui sont leurs alliés ou leurs ennemis. On assiste à des scènes de combat très bien filmées.
Lorsque le Général décide de faire évacuer le personnel américain par hélicoptère ayant appris qu' une attaque massive allait être lancée, on repousse les civils et les militaires vietnamiens les laissant seuls et désemparés. On allège sa conscience et on se justifie en disant :"C'est leur guerre, pas la nôtre". Un Caporal toutefois refusera de les abandonner et sera suivi par le Major Barker. Cette situation dramatique se répétera malheureusement dans d'autres endroits lors d'autres guerres. On sent venir l'engrenage qui entraînera les États-Unis vers un engagement plus massif au Vietnam. Ce film est une réflexion intéressante sur le bien fondé de cette guerre. Burt Lancaster, vieillissant mais toujours aussi charismatique, est une fois de plus impressionnant. Il s'est pleinement investi dans ce film, étant un militant pacifiste.
J'ai mis 6 à ce film. Il est sorti la même année que "Voyage au bout de l'enfer", un an plus tard c'était "Apocalypse now". Il serait déplacé de comparer ces films entre eux, le budget et donc les moyens pour les réaliser n'étant pas les mêmes. Mais, pour moi, il manque de profondeur, d'intensité. J'ai trouvé que certains personnages étaient parfois trop proches de la caricature, comme le Capitaine Olivetti. Peut-être etait-ce un choix assumé par le réalisateur ?.
C'est un film qui aborde le début de l'enfer vietnamien pour les Américains et qui mérite d'être vu.

Créée

le 13 oct. 2018

Critique lue 1.1K fois

15 j'aime

11 commentaires

Jim_Witt

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

15
11

D'autres avis sur Le Merdier

Le Merdier
Ugly
6

Ca ne peut pas arriver aux Américains !

Cette phrase entendue 2 ou 3 fois dans le film par des gradés prétentieux qui minimisent le rôle des Français dans la guerre d'Indochine, situe tout de suite le ton donné par le réalisateur : on est...

Par

le 6 févr. 2019

15 j'aime

6

Le Merdier
Kinovor-Cinefaj
7

64, année fatidique

Si "Go tell the Spartans" n'y fait jamais directement allusion, je n'ai pu m'empêcher d'y penser. Le 2 et le 4 août de cette pré-charnelle année 1964, "l'incident du golfe du Tonkin"...

le 20 nov. 2021

2 j'aime

Le Merdier
troglo78
8

Dans la m.... jusqu'au bout

1964, Vietnam, quelque part au sud du 17e parallèle... Un village anticommuniste et sa garnison, soutenus par un groupe de conseillers militaires U.S., sous la menace de l'offensive vietcong: il...

le 5 févr. 2017

2 j'aime

Du même critique

Mad Max - Fury Road
Jim_Witt
8

Mad Max Fury Road par Jim_Witt

Si vous regardez le dernier Mad Max Fury Road prenez le temps de regarder les bonus. Vous verrez tout le travail réalisé en amont de ce film. C'est impressionnant. Vous découvrirez que George Miller...

le 18 juin 2017

29 j'aime

17

Police fédérale Los Angeles
Jim_Witt
8

Contrefaçons ? Vous avez dit contrefaçons ?

(cette critique est susceptible de contenir des spoilers) Friedkin a déclaré : "ce film parle d'un monde de contrefaçons". Dès le début du film, un policier que l'on perçoit intègre se fait tuer...

le 22 juin 2018

26 j'aime

5

Louis Jourdan
Jim_Witt
8

Louis Jourdan

J'avais beaucoup aimé Louis Jourdan dans le film "lettre d'une inconnue " de Max Ophüls. J'avais envie d'en savoir plus sur lui, sa filmographie, sa vie de comédien. J'ai donc acheté ce livre dont...

le 29 févr. 2020

23 j'aime

21