Un biopic sur Mahomet sans montrer Mahomet ? En voilà un projet osé ! Outre la sensibilité évidente du sujet, c'est à la base un sacré défi narratif.
En réalité, "The Message" est surtout un film sur les débuts de la religion musulmane. Evoquant les premiers fidèles de Mahomet, son culte grandissante, et l'opposition d'aristocrates de la Mecque qui n'étaient pas trop en phase avec un changement d'idéologie (pour des raisons tout autant religieuses qu'économiques).
Je connais très mal le sujet à la base, d'où l'intérêt pour moi de voir un film dessus ! Je ne saurais dire si l'ensemble est pertinent historiquement ou théologiquement. En tout cas, comme le clame fièrement le générique, le scénario a été validé par des universitaires spécialistes de l'islam. Pour autant, le film n'a pas eu un accueil tendre chez toutes les communautés musulmanes. Il y a eu à l'époque des menaces, et il fut interdit dans plusieurs pays.
J'ai du mal à comprendre pourquoi, car on se trouve en présence d'un film religieux semi-prosélytique, qui dresse un portrait très flatteur de l'islam. Comme ont pu le faire de grosses productions hollywoodiennes à propos du judaïsme ou du christianisme ("The Ten Commandments", "Ben-Hur"). "The Message" insiste sur les valeur à la base saine de cette religion, telles que l'équité, la tolérance, ou l'entraide.
Certes, c'est fait de manière primaire. Les gentils fidèles de Mahomet affrontent les méchants marchands de La Mecque. Le film bénéficie tout de même de décors naturels désertiques, de figurants, de nombreux personnages, mais tout ceci peine parfois à respirer. On est souvent coincé dans des discussions longuettes en intérieur.
La dernières heure est plus généreuse, offrant quelques batailles, et un peu de souffle épique. La BO de Maurice amène elle-aussi un peu d'entrain, quoique les notes fassent parfois penser à celle de "Lawrence of Arabia", qu'il avait également composée. Il y a aussi de bonnes têtes dans la version tournée en anglais (il existe également un version tournée en arabe, avec d'autres acteurs). Anthony Quinn en guerrier déterminé, ou Irene Papas en épouse vengeresse.
Quant au fameux choix de ne pas monter Mahomet, qu'en est-il ? Ils ont décidé de l'évacuer du récit autant que possible (ellipses, voix-off...). Quand il n'y a pas d'autres options, c'est du contre-champs, de la vue subjective, du hors champs... Ca reste assez artificiel, voire maladroit, on se croirait par moment dans les jeux vidéos Half Life, avec son célèbre protagoniste muet ! Clairement ça n'aide pas le film, mais je salue l'audace de la démarche, surtout à but religieux (et commercial ?).
"The Message" reste d'ailleurs un film ambitieux pour Moustapha Akkad, dont il s'agit de la première réalisation ! Si ce nom vous parle, le bonhomme est surtout connu pour être le producteur de la franchise Halloween (!!!).