La fin de parcours approche pour la Cannon et pour Bronson avec ce film (même s’il y aura encore l’année suivante Kinjite, sujet tabou). Loin de la réputation de leur association cinématographique construite autour de films prônant une justice expéditive dans des films à l’ambiance racoleuse, ce Messager de la mort déçoit par son incapacité à se mettre à la hauteur de son sujet. Soit on est un peu ambitieux et il faut se la jouer fine, soit on se la joue second degré genre L’Agence tous risques et on se fait plaisir. Or là, on reste au milieu du gué et on ne parvient pas à emballer un produit qui commence plutôt pas trop mal (hormis la musique du générique qui est hors de propos) avec sa fusillade barbare mais qui se révèle ensuite une banale enquête de journaliste comme dans une série télé des années 70.
Le personnage de Bronson ici se la joue tranquille, n’a pas une punchline à servir, tire en l’air avec un fusil qui ne lui appartient pas et s’évertue à jouer les médiateurs tout en faisant tomber avec élégance les méchants en costard. On se retrouve du coup avec une intrigue qui, au début, interpelle mais qui finit par perdre de son épaisseur. L’ensemble est trop mou, l’intrigue trop mal conduite et les personnages trop peu consistants pour être emballant. Le ton très sérieux du film ne semble pas correspondre aux outils qui sont à disposition. Certes, l’ouverture du film laisse peu de place à un film d’action de série B très décontracté, mais la vérité mise à jour par Bronson manque d’envergure pour convaincre.
L’ensemble n’est pas désagréable, loin de là, le cadre du Colorado est un très bon choix, mais on aurait aimé s’amuser un peu plus pour profiter d’un divertissement plus abouti. On a souvent reproché à la Cannon ses produits trop épicées, celui-ci est, chose rare, un peu fade.