Suite à ce portrait très élogieux du cardinal Lustiger (et même pendant), je suis allé me renseigner d'un peu plus près sur le bonhomme, l'occasion de me rendre compte que certains combats moins nobles que ceux évoqués ici ont été soigneusement évités. Pour autant, ce récit dense, dynamique, tient largement la distance pour évoquer le parcours assez incroyable et la personnalité hors-norme de ce juif converti très vite au catholicisme, dont les tourments intérieurs et le « déchirement » permanent entre les deux religions sont montrés avec habileté.
L'occasion d'une plongée dans les arcanes de ce milieu pas franchement comme les autres, et notamment du Vatican, offrant notamment une représentation pour le moins étonnante de Jean-Paul II, curieusement interprété par Aurélien Recoing. La réalisation dynamique, souvent en mouvement d'Ilan Duran Cohen nous conforte dans cette impression, comme la prestation intense de Laurent Lucas, laissant apparaître une figure complexe, aussi conservatrice sur certains sujets qu'ouverte sur d'autres, évoquant presque une rock star dans ses moments les plus inspirés.
Avec, en point d'orgue du scénario, le combat de Lustiger contre l'installation d'un couvent de carmélites dans les « murs maudits » d'Auschwitz, raconté avec densité et, surtout, beaucoup d'humanité. Un peu inégal, certains aspects racontés nous captivant plus que d'autres, mais pour les raisons citées précédemment et la présence apaisante d'Audrey Dana (décidément meilleure actrice que réalisatrice), « Le Métis de Dieu » séduit, critiquant autant la dimension politique de la religion qu'il n'encense sa noblesse lorsqu'elle est pratiquée avec le cœur.