On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde... est-ce la morale de ce dicton qui a fait de ce film un incompris ? Effectivement, ce n'est pas très clair pendant un moment, et l'ambiance s'emmêle un peu les pinceaux entre faux western, romance et drame. Mais en est-ce un – un drame – si le rire n'y rentre pas dans des petites cages ?
Il y a quelque chose d'assez lucky lukesque dans la manière qu'a Gore de nous faire rire du crime et de la mort dans un décor de far west ; c'est insouciant, et ça peut déranger certaines consciences. Mais force est de constater que Pitt, à l'aise dans l'américain supérieur moyen, est aussi très bon quand on le déracine pour le mettre dans un Mexique inhospitalier et diablement photogénique. On y voit la xérophilie de Verbinski s'y développer, mais pas l'engouement des foules pour son style pas encore entâché par l'expérience.
C'est son premier film avec de grands noms au casting, et c'est agréable de le voir se défouler avec liberté dans l'amalgame d'une comédie, d'une romance, d'un drame et d'un conte, entremêlés comme dans un brin d'ADN, comme si tout ce qui nous rend humain s'était mis à bondir d'un style à l'autre sans entraves. Et ça marche vraiment bien : pas de perte de puissance, l'histoire coule toute seule, ne puisant dans des ressources plus reconnaissables (le méchant) que le temps de trouver un meilleur tremplin (l'inattendu, souvent).
Sans accomplir le miracle convenu de la catharsis, gardant ses distances avec la pureté de l'empathie, Le Mexicain est un humain lui aussi, comme si le pistolet s'était approprié l'ADN et le dicton cité cette fois-ci par les dialogues : ce ne sont pas les armes qui tuent. Ou bien Le Mexicain était-il la Christine des armes à feu ? Il a de quoi capter l'attention des défenseurs de styles bien variés. Bien tristement, c'est dans son œcuménisme qu'il surprend, et qu'il surprend négativement. Mais pour qui sait apprécier que la scène suivante ne soit pas visible des kilomètres avant, il y a là un divertissement de taille qui est loin de pécher par médiocrité.
Quantième Art