Jessica et Johnny s’aiment d’un insatiable désir bestial, mais leur amour particulier prend fin lors d’une intervention chirurgicale catastrophique commise par le docteur Wendell Simpson sur Johnny. Jessica, dévorée par la vengeance, kidnappe le docteur pour l’humilier et le torturer.



Retour de Lucio Fulci ?



Dans les années 80, le cinéma de Lucio Fulci n’est pas au meilleur de sa forme. Certes, l’horrifique étrangeté de ses œuvres trouvent encore son public cible parmi les plus dérangés de nos spectateurs, mais ses tentatives de greffe dans un monde dont les effets visuels sont de plus en plus performants souffrent d’un design daté. Au cœur de ces mauvaises circonstances apparaît « le Miel du Diable », esthétisme là aussi éprouvé par le temps et mêlé aux codes éculés du genre.


Au premier regard, rien ne peut nous inviter à la clémence. A la vue de l’affiche et à la lecture du synopsis, on est fortement tenté de fuir cette œuvre galvaudée qui annonce déjà une utilisation abusive du sexe et du gore dont seules les productions les plus écœurantes ont le secret. Pourtant, « le Miel du Diable » est une œuvre aussi personnelle qu’intéressante.



Érotisme mortel



Certaines séquences s’avèrent assez crues, même pour du thriller érotique. Les actes sexuels sont filmés d’une façon brutale et totalement gratuite pour insister sur une vérité dérangeante : dans ce film, un personnage est forcément le bout de viande d’un autre. Qu’il s’agisse de la scène où Johnny sodomise violemment Jessica, de celle où cette fois-ci Jessica soulage toute sa perversion sur le corps du chirurgien, ou encore de celle où ledit chirurgien humilie les prostituées pour les déshonorer encore davantage.


Mais si le « Miel du Diable » est un film passionnant en dépit de ses caricatures, c’est pour sa surprenante ambition concentrée sur l’épaisseur de ses personnages. Certes, il ne faudra pas y attendre non plus de grandes ambivalences car le film est indéniablement un nanar, mais Lucio Fulci s’émancipe assez aisément des carcans du genre pour offrir plus. De ces passions extrêmes vivent des relations complexes, car chez Fulci l’horreur comme l’amour est souvent littéral. Il y a par exemple cette situation tragique chez Jessica qui souhaite être aimée dans tout son être alors que Johnny n’en désire qu’une partie. On comprend alors que le sexe est conditionné à la souffrance de l’autre. Les caresses se complexifient et les soupirs s’intensifient tandis qu’on constate dans le regard de Jessica qu’elle est devenue esclave d’un désir malsain. A l’instar des larmes de la femme qui sont autant celles du plaisir que de la douleur.



La nature humaine est ainsi faite



Même disparu à jamais, Johnny continue d’étendre son emprise sur Jessica et d’autres scènes interviennent et grossissent plus encore cette volonté de présenter l’amour comme un danger, voir comme un ami intime du thème de la mort. Par possession de son obsession pour son amant, Jessica attache le docteur pour disposer intégralement de sa personne. On pourrait se dire, à ce moment, que le réalisateur remet une pièce dans la machine afin de continuer son récit de violence, mais c’est surtout l’occasion de développer un autre axe de réflexion.


Car si Jessica incarne à son tour la perversion et la domination, Fulci rappelle qu’elle est d’abord la première victime de l’histoire. Le narcissisme de Johnny lui a retiré le droit de disposer de son corps, la pureté de son âme, et même son accès au bonheur. Derrière ces scènes nues, il n’est pas si déconnant de penser que Jessica cherche à se déshabiller de son ancienne vie pour vêtir les habits d’un futur plus radieux. Paradoxalement, en torturant, en humiliant, et en déshonorant le chirurgien responsable du décès de son tordu d’amant, elle retrouve en elle sa capacité d’aimer tendrement.



Conclusion :



Derrière son aspect typique du thriller érotique excessif, Lucio Fulci s’émancipe des conditions de cet univers malsain pour en faire une œuvre plus consistante. Le sang, la sueur, les fluides cachent le véritable propos : traiter, certes brutalement, la thématique de la nature humaine.

Death Watch

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