Ce film est en accord avec ma philosophie de la vie à un point... D’ailleurs, je me demande si c’est une bonne chose, d’adopter 365 jours dans l’année une philosophie qui est digne d’un film de Noël. Tentons donc une petite justification de l’idéalisme. Et une petite revue de mes idées préférées.
Faire des choix sans valeur pratique, d’après des principes et pas d’après les conséquences. Tel Santa choisissant d’envoyer les clients chez la concurrence si Macy’s n’a pas le jouet qu’ils veulent, plutôt que de les aiguiller vers les jouets “à écouler”. Non, ça n’apporte rien mais oui, c’est “bien”. Faire ce qui est bien même si ça ne mène à rien. Comme si je cherchais à boycotter la vie, boycotter les façons de faire qui ne me conviennent pas, celles qui ne seraient pas acceptées dans le monde des Bisounours. Ce qui n’a absolument aucune utilité si je suis seule. Ce qui n’aura absolument aucun effet. Mais pourrait potentiellement changer le monde si on faisait tous la même chose. Ça servira à rien mais c’est l’intention qui compte... Je me ferais écraser par le monde mais j’aurais ma conscience intacte et je pourrais me regarder dans le miroir...
Parce que les choses qui ont de la valeur, ce sont les choses intangibles. Parce qu’il ne faut pas oublier ce qui est important. Parce que Noël devrait être à propos de l’esprit de Noël, et que l’esprit de Noël ça devrait être tous les jours de l’année. Ce qui rend ce film pertinent n’importe quel jour de l’année. Parce que l’intelligence c’est ça aussi. Susan est absolument adorable, il n’y a pas à dire : les enfants intelligents c’est juste le truc le plus mignon du monde, t’es là “ouahhh, c’est vraiment elle qui vient de dire ça ?”. Mais l’intelligence ne s’arrête pas aux faits, aux calculs stratégiques, à savoir séparer les faits de la fiction. L’intelligence c’est aussi pouvoir faire preuve d’imagination, pouvoir se décentrer, adopter plusieurs perspectives sur les choses,... C’est sortir du cadre de pensée habituel, pour réaliser qu’il y a plus. Ne pas rester dans une vision réduite et étriquée de la vie. Faire preuve d’ouverture d’esprit. Avoir accès au symbolique.
someday you’re going to find that your way of facing this realistic world just doesn’t work. And when you do, don’t overlook those lovely intangibles. You’ll discover those are the only things that are worthwhile.
Et croire. Croire ce que l’on a envie de croire. Croire parce que l’on a besoin de croire. C’est tellement ça ! Le père Noël existe parce qu’admettre qu’il n’existe pas serait trop terrible. Parce qu’on a besoin de lui. Et je suis totalement conscience que la plupart de mes croyances n’ont pas d’autre fondement qu’un besoin. Je crois que les gens sont cohérents parce que je ne peux pas accepter l’idée que ça ne soit pas le cas. Je crois que les choses ont du sens parce que je ne veux pas vivre dans un monde qui n’aurait pas de sens. Et c’est pas si stupide. A cause des prophéties auto-réalisatrices. Si je crois qu’il y a de la cohérence j’en crée, si je crois qu’il doit y avoir du sens je trouve un sens. Si on croit que le Père-Noël existe, il commence à exister : parce que tout ce qu’il représente commence à intégrer le monde, parce que tous les enfants vivent dans un monde où le Père-Noël existe.
D’ailleurs, je crois aussi au karma. Au karma humain. Je crois que toutes ces décisions chargées de sens et dépourvues de caractères pratique, au final ça finira bien pour moi. Pas parce qu’il y a une espèce de force cosmique pour me récompenser. Mais parce qu’il y a quelque chose dans la nature humaine qui fait que ça parlera aux gens. Comme la réaction de cette dame aiguillée vers la concurrence, d’abord incapable de comprendre et semblant se demander si Santa est stupide, puis finissant par remercier le directeur du magasin de faire passer l’esprit de Noël et la satisfaction des clients avant les profits. Et promettant d’aller plus souvent chez Macy’s à l’avenir, et ayant une réaction si partagée qu’au final cette décision sans aucun caractère pratique se révèle la meilleure décision Marketing que le groupe aurait pu prendre. C’est ce que j’appelle karma humain. Bien entendu, on ne peut y croire que si on croit en la bonté de la nature humaine. Et mes seules raisons d’y croire c’est que j’ai envie d’y croire, et qu'y croire lui donne plus de chances d’exister.
Et le psy ! L’idée de ce monde où les mauvais traits sont si répandus qu’être “gentil” est considéré comme fou ou stupide. Comme si ça pouvait pas être une posture idéologique qu’on choisit d’adopter en connaissance de cause ! C’est lui qui devrait être enfermé, si c’est ça la normalité je préfère être fou,... Avec en prime une moquerie d’une certaine façon de pratiquer la psychologie qui explique pourquoi je ne me suis jamais retrouvée dans ce qu’on nous apprenait en cours de psychologie clinique. Où on serait tout le contraire de ce que l’on est : Tu as envie de faire du bien autour de toi ? Tu dois avoir fait quelque chose de très mal et souffrir d’un complexe de culpabilité ! Tu aimes l’ordre et la stabilité ? Tu dois avoir des pulsions destructrices très violentes que tu cherches à contenir. Pour moi si tu choisis de faire le bien, tu auras un score d’agréabilité élevé, et je ne vais pas venir te dire “c’est parce qu’au fond tu es très mauvais”. Tu choisis d’être ce que tu es, tu te construis à partir d’un millier de truc et bien sûr que le passé à de l’influence mais je ne veux pas chercher à le savoir, tu es ce que tu es, tu es ce que tu choisis d’être à partir de tout ça. Et t’es pas fou de ne pas être dans la norme. Regarder plus loin, autrement, ne pas se laisser aliéner, ça me semble bien être la preuve d’un esprit en état de fonctionner.