"Esprit" au sens (tiré du Larousse) de "manière de penser, de comportement".
On associe souvent cet "esprit de Noël" à la fête religieuse de Noël. D'ailleurs une partie de ceux qui adhèrent à la fête religieuse en reprochent la confusion et l'aspect inévitablement mercantile où même les confiseurs font la trêve (pour mieux s'en mettre plein les poches).
Pour les païens comme moi, c'est une fête qui correspond au jour le plus court de l'année (on ne va pas me chipoter les 3 ou 4 jours d'écart !). Un jour triste donc où il ne subsiste que l'espoir d'un retour aux beaux jours, d'une amélioration de la vie. L'esprit de Noël est une belle façon de concrétiser cet espoir et d'égayer cette journée. Et le Père Noël alors ? En bien c'est le personnage légendaire, l'artisan de cette fête, chargé notamment d'apporter aux enfants ce dont ils ont pu rêver. Personnage légendaire qui a plusieurs noms, plusieurs adresses, plusieurs façons de faire. C'est le mensonge qu'inculquent bien des parents à leurs enfants, mensonge "innocent" bien pratique qui de toute façon tombera au moment de l'entrée à l'école.
Ah mais attention, pas pour tout le monde ! j'en connais même qui à bientôt soixante-huit ans y croient encore dur comme fer au Père Noël…
Tout ceci pour en arriver au "miracle sur la 34 -ème rue" où Georges Seaton nous raconte en 1947 une belle histoire capraesque. Doris (Maureen O'Hara), chef de rayon jouets d'un grand magasin, se bat pour trouver un père Noël acceptable pour animer le rayon jouets et aider à convaincre les clients à acheter un maximum dans le magasin. Et voilà que se présente un gentil vieillard (Edmund Gwen) qui se prétend être le Père Noël, le vrai. Et d'ailleurs, la preuve, hein, c'est qu'il donne des conseils pour placer correctement les rennes du traineau.
Là, le film prend une triple et intéressante tournure.
D'une part, la romance du voisin de Doris (John Payne) amoureux transi qui ne parvient pas à capter son attention (de femme d'affaires très matérialiste). Croyant, lui, au Père Noël, il va s'en faire un allié pour tenter d'arriver à ses fins.
D'autre part, le nouveau Père Noël révolutionne les pratiques commerciales de cette période très mercantile en se mettant (honnêtement et en toute transparence) au service des clients et non à faire de la vente forcée (d'invendus). La traditionnelle guerre entre magasins s'estompe pour la meilleure satisfaction de la clientèle. "L'esprit de Noël avant les affaires"…
Enfin, des esprits forts ne croyant pas à la réalité du Père Noël (les cons !), osent accuser et mettre en accusation notre vieux bonhomme sur la base d'un problème de responsabilité juridique. Des pressions énormes exercées par les parents et les enfants vont, bien évidemment, prouver que le Père Noël existe bel et bien. Tout de même !
Très réjouissant film avec une Maureen O'Hara superbe dans toute la complexité de son personnage et un Edmund Gwen (qui y gagna un oscar) dans le personnage de légende où il distille sa bonté et son empathie.
Le film est bien plus intéressant qu'il ne le parait en première approche. On n'est pas loin du sarcasme quand le film aborde les aspects commerciaux douteux en ces périodes de fête. De plus, la confrontation entre Edmund Gwen et la toute jeune Natalie Wood ne manque pas de piquant en le sens où le vieil homme tente d'expliquer à l'impertinente péronnelle terre à terre qu'on est bien plus sûr d'être heureux en espérant et en prenant patience qu'en exigeant…