Avec le style bourrin qu'on lui connait, Jean-Pierre Mocky a voulu dénoncer tout le commerce qui se fait à Lourdes, où des gens malades viennent en espérant un miracle. Et qui est parfaitement montré dans les premiers plans, sans doute volés, où on voit bien qu'il faut limite payer pour prier !
Pour ce faire, il a réalisé un film, avec le retour du duo Jean Poiret - Michel Serrault, où le premier joue un petit escroc qui, en prétextant un accident de voiture, ne pourrait plus marcher, espérant ainsi toucher l'argent des assurances. Mais un assureur, muet, le surveille de près, flairant la supercherie, quitte à aller à Lourdes.
Avec Mocky, je m'attends à quelque chose de pas léger, et c'est effectivement pas léger, mais il y a quelque chose de réel dans tout cela ; le commerce au nom des miracles. Et ça passe par Jean Poiret et Michel Serrault qui en font des tonnes, surtout le deuxième où le fait qu'il soit muet lui permet toutes les excentricités. Y compris cette scène totalement gratuite où, filant Jean Poiret, il passe par une radiologue qui est complètement à poil ! D'ailleurs, la connivence entre les deux acteurs et amis est visible, surtout dans la première scène commune qui semble improvisée en fonction des petites pancartes de Serrault pour se faire comprendre, et pour expliquer qu'il soit devenu muet, à la suite d'une bavure... il se met à baver !
On retrouve aussi Jeanne Moreau, qui constitue un décalage assez amusant, car son jeu reste plus traditionnel, bien qu'on sent cette canaille de Mocky lui donner des dialogues bien cochons, comme quand elle parle des hommes qui se masturbent. On retrouve les habituels Dominique Zardi, Jean Abeillé, ainsi que Georges Lucas, et un prêtre assez amusant joué par Marc Aury, dont la beauté va faire des ravages.
Il ne faut pas faire attention à la mise en scène, ou la technique, mais plus dans la situation dénoncée par Mocky, qui rue dans les brancards pour mon plus grand plaisir. Car on ne peut pas dire que ça soit léger, comme le final, anglais dirais-je, mais que Dieu reconnait au fond les siens.