A la recherche du temps perdu
A peine sorti, de son "Solaris" Tarkovski est accablé par la réception du film qui est jusque là son moins personnel et paradoxalement celui qui aura le plus de succès.
Le choix de faire un film intimiste, qui le raconte s'ouvre donc à lui grâce à ce film de commande qu'il renie presque. Pour lui le cinéma n'est pas faire de la technique, c'est plus que ça. En plein débat Gravity...
Tais-toi Rawi, tu vas te faire des ennemis XD !!
Ici on assiste au parcours d'un réalisateur confronté à la maladie, aux difficultés relationnelles (comment devenir père quand on a été abandonné par le sien ?)qui se remémore des moments clé de son passé.
Le réalisateur immortalise la temporalité, saisit le passage du temps vécu pour les personnages et en souligne simultanément son caractère insaisissable.
Ici Tarkovski, tourne un film sur sa propre mémoire, sur la manière de l'apprivoiser, dont elle fonctionne...
On est dans une oeuvre difficile à appréhender. A la frontière du documentaire, de la mise en abîme fictionnelle, on ne saisit jamais clairement (enfin moi) ce à quoi on a affaire.
Lui-même ne savait pas où mener ses comédiens pendant le tournage et ça se sent. Le montage a d'ailleurs été selon le réalisateur, un travail colossal car il monta plus de 20 versions différentes avant d'être satisfait et de nous offrir cet objet que nous connaissons.
Ce sera une méditation cinématographique !
La scène d'ouverture prend ainsi tout son sens et la boucle temporel initiée ici va pouvoir faire sa rotation tant bien que mal.
La voix a aussi une importance capitale !
Celle enrouée du narrateur, celle du bègue dont la parole se libère sous l'effet de l'hypnose, celle de la mère au téléphone, voix du père, du poète Arseni Tarkovski dont les poèmes ponctuent et structurent l’œuvre (ils sont lus par Arseni lui-même) ...
Par la voix, le souvenir individuel atteint la sphère de la collectivité. L'histoire personnelle partagée devient histoire collective. L'humanité entière prime donc sur l'individu.
Le passage du noir et blanc à la couleur, la bande son... tout est fait pour faire entrer le spectateur dans l'univers du cinéaste.
Le miroir est donc plus qu'un film, c'est une expérience riche, sensorielle et spirituelle.