Je remarque que personne ne s'est encore attelé à une critique exhaustive du Miroir. Je peux aisément le comprendre, tant la subtilité et la complexité de l'œuvre sont intimidantes. D'ailleurs, en bon indolent modeste, je vais me contenter de décrire une paire de ses caractéristiques, qui pourraient peut-être intéresser le cinéphile débutant (ne voyez aucune condescendance dans ce propos, j'en suis moi-même un) :
Ses atours, en premier lieu.
Une esthétique, une technique filmique, une mise en scène, un symbolisme, des paysages, des décors au-delà du sublime, au-delà du descriptible. Au-delà de la perfection.
Sa narration, en second lieu.
Foutraque, déstabilisante, obscure aux premiers abords, elle se révèle être l'accumulation de fragments mémoriels et sensoriels, constructeurs comme destructeurs, de la vie d'un homme (et de sa mère) dans une période troublée.
Loin de se limiter, comme c'est le cas la plupart du temps, à l'exploration de quelques thèmes précis, il semble s'en dégager l'essence même d'une existence, au travers de scénettes réalistes ou oniriques, mais toujours belles et attristantes, profondes et fascinantes.
Si l'envie ne vous a toujours pas étreints, je pourrais éventuellement ajouter que l'interprétation, les poèmes (merveilleusement insérés), et la musique méritent plus de louanges que les saints, mais ce serait superflu. Non?