Le Miroir est d’une beauté sidérale, envoûtante, dont il est impossible de se détacher. Avec ce film, Tarkovski repousse les limites du langage cinématographique pour nous plonger dans une expérience sensorielle unique.
Pour la petite histoire, vers mes 20 ans (il y a plusieurs années maintenant), je pensais avoir fait le tour du cinéma. Quelle erreur! Puis un jour, j’ai découvert Le Miroir et tout a changé. Ce film a bouleversé ma vision du cinéma, il m’a ouvert les yeux sur une façon totalement nouvelle de le ressentir. Cette découverte a été une révélation, un point de non-retour. Grâce au Miroir, j’ai compris qu’un autre cinéma existait.
Mais revenons au film. Dès ses premières minutes, Tarkovski impose une logique qui n’est plus celle du récit, mais celle de la mémoire et du rêve. Le passé et le présent se superposent, les réminiscences d’enfance se mêlent aux échos de l’Histoire, et l’ensemble devient un flot d’émotions et de sensations, où l’intime dialogue avec l’universel. Les visages du passé réapparaissent comme des fantômes familiers, et l’alternance entre le noir et blanc et la couleur ne marque pas seulement une transition temporelle, mais exprime cette fluidité, où tout se confond.
Le vent qui fait onduler l’herbe, la pluie qui s’infiltre dans une maison, une flamme qui vacille… Chaque élément semble imprégné de mémoire, comme si le film lui-même respirait. Les mouvements de caméra, souvent lents et flottants, accentuent cette impression d’être plongé dans un rêve éveillé, de souvenir qui renaît sous nos yeux.
Le Miroir est un film hypnotique, une expérience de cinéma inoubliable qui marque pour toujours. C'est le film ultime, un chef-d’œuvre absolu. Un film qui m’accompagne, qui grandit en moi à chaque visionnage et qui continue encore aujourd’hui, à me rappeler pourquoi j’aime tant le cinéma.